Le carnet d’or 

Roman écrit par Doris Lessing, 1962, Royaume-Uni 

Une romancière est confrontée au syndrome de la page blanche et a très peur de sombrer dans la folie. Dans 4 carnets de 4 couleurs différentes, elle note ses sentiments, son quotidien, son expérience au sein du parti communiste, les fragments d’un roman inspiré de sa vie amoureuse. C’est finalement un cinquième carnet, le carnet d’or, qui sera la clé de son mieux-être.

Doris Lessing propose un puissant roman sur la vie d’une femme en quête d’elle-même, émaillé de réflexions sur la condition des femmes des années 30 à 50. Si l’écriture est fragmentée, le roman long, dense et pas toujours facile à lire, on a plaisir à passer d’un carnet à l’autre, à découvrir progressivement la vie de l’héroïne… et de sa propre héroïne grâce au carnet jaune, véritable roman dans le roman !

Doris Lessing a reçu le prix Nobel de littérature en 2007.

Le corps de ma mère

Roman écrit par Fawzia Zouari, 2016, Tunisie

En 2007, Fawzia Zouari se rend au chevet de sa mère mourante, avec ses trois soeurs. Les souvenirs des 4 femmes s’affrontent, chacune d’elles détient une part de l’histoire de leur mère… Mais c’est finalement à Naïma, sa domestique, que s’est confiée cette mère forte et autoritaire. Naïma raconte, elle livre ce secret si bien gardé…

Le corps de ma mère est un roman familial fleuve, qui nous fait progressivement découvrir la vie d’une femme forte qui se dresse contre une société patriarcale marquée par la polygamie. Un bel hommage d’une fille à sa mère, écrit juste après la révolution de jasmin.

Fun Home

Roman graphique écrit et dessiné par Alison Bechdel, 2006, Etats-Unis

Alison Bechdel raconte son enfance, en mettant l’accent sur la relation avec son père, qui soumet toute la famille à son obsession de la décoration et du rangement. Elle y aborde aussi la découverte de son homosexualité.

Autrice de la série des Gouines à suivre, publiée sur 25 ans, et inventrice du test de Bechdel, Alison Bechdel publie en 2006 cette première bande dessinée autobiographique. Parfois difficile à suivre car il ne suit pas une temporalité linéaire et enchaîne les références littéraires, Fun Home décrit des relations familiales complexes, des secrets de famille pesants, qui ont façonné la femme qu’elle est aujourd’hui.

Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe

Essai écrit par Chimamanda Ngozi Adichie, 2017, États-Unis, Nigeria 

Chimamanda Ngozi Adichie écrit à son amie Ijeawele, qui vient de donner naissance à une petite fille. Elle lui donne des conseils pour l’éduquer de manière féministe !

L’autrice nigériane parle de sa propre expérience du sexisme et en tire des enseignements pour déjouer les pièges des stéréotypes, qu’elle transmet ici sous forme d’une longue lettre, souvent drôle. Un court essai, facile à lire, à mettre entre toutes les mains avant d’enchaîner avec un autre essai, un roman ou un recueil de nouvelles de cette autrice engagée !

Mouvement des lesbiennes, lesbiennes dans le mouvement

Actes du colloque de la Coordination lesbienne en France, 2011, France

Dans le cadre des 40 ans du Mouvement de libération des femmes (MLF), la Coordination lesbienne en France (CLF) a organisé un colloque Mouvement des lesbiennes, lesbiennes dans le mouvement, dont les actes ont été publiés. La première partie est historique : retour sur les années 70 avec la structuration d’un mouvement et la création de nombreuses revues lesbiennes, réflexion sur la non mixité du mouvement lesbien dans les années 80 à 2000… S’ensuivent de nombreux témoignages de militantisme, de création de lieux lesbiens, etc.

Quelle richesse que ces témoignages d’engagements lesbiens ! Chercheuses, militantes, fondatrices de lieux de sociabilisation, voyageuses, françaises et internationales, elles racontent leurs expériences du lesbianisme. Même si certains textes ne sont pas hyper accessibles, il y en a pour toutes !

J’ai pas pleuré

Roman autobiographique écrit par Ida Grinspan et Bertrand Poirot-Delpech, 2002, France, Pologne

En 1944, à 14 ans, Ida est arrêtée et déportée à Auschwitz. Elle y passe 17 mois, 17 mois de lutte de chaque instant pour survivre.

Ida Grinspan retourne pour la première fois à Auschwitz en 1988. Elle y rencontre Bertrand Poirot-Delpech qui l’aide à rédiger J’ai pas pleuré. C’est un témoignage d’extrême courage, empreint d’une immense sororité entre filles et femmes enfermées et violentées. Malgré l’horreur, Ida parle de chance, notamment quand elle raconte sa rencontre avec une infirmière polonaise qui la sauve. Bien moins connu que Si c’est un homme de Primo Levi, J’ai pas pleuré mérite pourtant amplement une place dans nos bibliothèques.

Moi, Malala

Roman autobiographique écrit par Malala Yousafzai, 2013, Pakistan

Militante pour le droit d’aller à l’école, Malala gêne… En 2012, alors qu’elle n’a que 11 ans, un Taliban lui tire une balle dans la tête. Rescapée, elle raconte son histoire et ses luttes.

Si Moi, Malala n’est pas forcément l’autobiographie la mieux écrite, elle a le mérite de faire connaître la vie et les combats de cette jeune fille pour l’éducation de tous les garçons et de toutes les filles, à travers le monde.

Voyage d’une parisienne à Lhassa

Journal de voyage écrit par Alexandra David-Néel, 1927, France, Tibet

En 1924, pour la première fois, une femme étrangère pénètre dans Lhassa, la capitale du Tibet. Huit mois de périple dans les montagnes tibétaines auront été nécessaires à l’exploratrice de 56 ans pour réaliser ce défi. 2000 km de marche avec son fils adoptif, dans des conditions extrêmes, en se faisant passer pour une mendiante tibétaine…

Alexandra David-Néel, exploratrice mais aussi essayiste féministe, raconte son périple 3 ans après sa réalisation. Elle décrit les paysages qu’elle traverse, fait part de ses observations, de ses émotions. On tremble avec elle, et on a parfois du mal à y croire tant l’aventure est extraordinaire !

Pour découvrir autrement la vie de l’exploratrice, on vous conseille aussi la série de BD Une vie avec Alexandra David-Néel.

Ne vous résignez jamais

Autobiographie écrite par Gisèle Halimi, 2009, France, Tunisie

Comment devient-on féministe ? C’est à cette question que Gisèle Halimi répond, racontant son parcours extraordinaire de luttes pour les droits des femmes : dépénalisation de l’avortement, criminalisation du viol, lutte contre les violences faites aux femmes et pour la parité, etc.

Grande avocate féministe, Gisèle Halimi a tant fait pour les droits des femmes ! On a envie de la remercier et c’est elle qui nous fait un cadeau avec ce livre. On y découvre des facettes peu connues de sa vie : son enfance en Tunisie, déjà empreinte de combattivité, son amitié pour Simone de Beauvoir, son combat contre la guerre au Vietnam… A lire si vous aimez les autobiographies !

A lire aussi : Une farouche liberté, un entretien de Gisèle Halimi avec Annick Cojean, réalisé quelques mois avant son décès.

Une vie

Autobiographie écrite par Simone Veil, 2007, France, Pologne, Suisse, Belgique 

Après une enfance heureuse dans une famille juive, à Nice, Simone Jacob est déportée avec sa sœur et sa mère vers le camp d’Auschwitz-Birkenau. Elle raconte sa vie et ses peurs dans le camp. Après la Libération, elle reprend des études, rencontre son futur mari, devient Simone Veil. Elle raconte son engagement politique, son combat pour la légalisation de l’avortement, son élection comme Présidente du Parlement européen…

Même si on peut ne pas être d’accord avec certains des engagements politiques de Simone Veil, on conseille la lecture de ce témoignage important d’une femme survivante et engagée, qui a notamment lutté pour la dépénalisation de l’avortement en faisant voter la loi qui porte son nom en 1975.

Et pour découvrir sa vie d’une autre façon, on vous conseille le film biographique Simone, Le voyage du siècle.