Funan

Film d’animation réalisé par Denis Do, 2018, Cambodge, Belgique, France, Luxembourg, à partir de 12 ans

En 1975, Chou, Khuon et leur famille sont chassés par les Khmers rouges et doivent quitter Phnom Penh. Mais sur la longue route qui les mène jusqu’à un camp de travail, la famille est séparée : Sovanh, le fils de 4 ans, et sa grand-mère, sont emmenés dans un autre camp. Commencent alors des années de lutte pour Chou, qui refuse de perdre l’espoir de retrouver un jour son fils.

Un excellent premier film, très beau (autant les personnages que les paysages), dans lequel on suit une famille détruite par les crimes du régime totalitaire des Khmers rouges. Même si ces crimes et le génocide ne sont pas le sujet principal du film, on comprend très bien le déroulé des événements et les conséquences pour les habitant.e.s. Un autre point très fort du film : Funan se centre sur les émotions des personnages face à la violence, sans montrer la violence directement (ou très peu). N’hésitez pas à lire des interviews du réalisateur sur internet, sa démarche est vraiment très intéressante !

Les chatouilles

Long métrage réalisé par Andréa Bescond et Éric Métayer, 2018, France (adapté de la pièce de théâtre Les chatouilles ou la danse de la colère)

Odette a 8 ans et elle adore danser. Mais un jour, un ami de la famille la suit dans sa chambre et la viole. S’ensuivent alors des années d’agressions sexuelles et de viols. Adulte, Odette lutte contre le traumatisme.

La narration nous emmène dans les souvenirs d’Odette, qui raconte à sa psychologue ce qu’elle a subi. On visite donc le passé, parfois déformé, d’Odette. On rencontre les personnes qui l’entourent : son meilleur ami, ses collègues danseuses, son petit ami, ses parents. Les personnages des parents montrent d’ailleurs la violence du déni et rappellent que les victimes doivent être crues. Si vous avez l’occasion, la pièce qui a inspiré le film est à voir, absolument.

Fatima

Long métrage réalisé par Philippe Faucon, 2015, France (inspiré de Prière à la lune et Enfin, je peux marcher seule, deux livres de Fatima Elayoubi)

Fatima est née en Algérie. Elle vit aujourd’hui seule avec ses 2 filles de 15 et 18 ans. Pour subvenir à leurs besoins, elle enchaîne les ménages chez des particuliers ou dans des entreprises. Alors que ses filles parlent parfaitement français, Fatima le parle peu, elle s’exprime surtout en arabe. Elle tient un journal intime qu’elle remplit chaque soir.

Un film sobre, mais néanmoins beau et touchant. On suit le parcours de cette femme dans ses combats quotidiens contre le racisme et la précarité. On devine ses aspirations, notamment à travers ses écrits. Et puis le film parle aussi de la famille, de ce lien qui unit la mère et les filles, avec parfois de la colère mais surtout beaucoup d’amour. Les 3 actrices sont d’ailleurs fantastiques ! Le film a reçu 3 Césars en 2016.

Amal

Documentaire réalisé par Mohamed Siam, 2019, Egypte

Amal a 14 ans quand la révolution égyptienne commence. Cagoule sur la tête, elle se faufile place Tahrir, retrouve ses amis, provoque les policiers et n’a définitivement pas la langue dans sa poche. Le film suit 6 ans de sa vie et est entrecoupé d’archives personnelles.

Si au début, le format peut être déroutant, une fois la narration comprise, ce documentaire est assez bluffant. C’est ici un extrait inédit de la révolution égyptienne qui est montré, à travers la vie de cette adolescente puis jeune femme incroyable. En plus des réflexions politiques, tour à tour pleines d’espoir pour le futur ou fatalistes, le film (qui a été interdit en Egypte) insiste également sur ce qu’est être une femme au sein d’une révolution et après une révolution comme celle-ci. Pas le film documentaire du siècle, mais intéressant tout de même ! Une suite est envisagée sur la vie d’adulte de la jeune femme.

Kiki la petite sorcière

kiki la petite sorcière

Film d’animation réalisé par Hayao Miyazaki, 1989, Japon (adaptation des livres de l’autrice Eiko Kadono)

Kiki, une jeune sorcière, fête ses 13 ans. Elle quitte le domicile familial pour s’installer dans une nouvelle ville, avec son chat Jiji et son balai magique, et crée un service de livraison à domicile. 

Kiki, la petite sorcière est un vrai coup de cœur. On aime cette héroïne débrouillarde et le fait qu’elle rencontre sur son chemin d’autres femmes alliées : une qui lui permet de s’installer, ses premières clientes sont des femmes, une autre qui lui fait prendre du recul sur ses aventures et lui remonte le moral. Certes, en arrivant dans sa nouvelle ville, elle est harcelée par un garçon qui deviendra ensuite son ami, et on a tendance à voir un peu trop sa culotte ultra-bouffante, mais ce récit reste un voyage initiatique mignon, à regarder à tout âge.

Les filles du rink

Les filles du rink

Série créée par Laura Azemar, Natàlia Boadas, Marta Vivet et Ona Anglada, depuis 2019, Espagne

Emma, Lorena, Flor, Laila, Raquel et Berta sont 6 copines soudées par leur équipe de rink, du hockey sur patins à roulettes. Mais quand leur coach décide d’aller entraîner une autre équipe féminine, leur club menace de fermer leur section féminine : elles vont se battre pour la garder.

Les filles du rink est une belle surprise. On suit leurs amitiés, leurs histoires d’amour (dont certaines lesbiennes !), leurs histoires de famille et bien sûr, leur évolution sportive. C’est intéressant de voir que les parents sont des personnages secondaires assez détaillés, et ont pour la plupart une vraie ligne narrative (autre que leur statut de parents). Si Sex Education avait été félicitée pour être une des premières séries parlant d’avortement de manière non culpabilisante, Les filles du rink offre ici un épisode très réussi sur le sujet. On aime aussi que la série aborde le sujet de la PMA pour une femme seule, sans que ce soit un sujet remis en cause. En bref, une série très sympathique à regarder.

On vous en parle aussi dans une de nos chroniques hebdomadaires sur Euradio !

Et pour d’autres héroïnes qui roulent, on vous conseille la série Betty et le film Bliss.

La reine des neiges

Film d’animation réalisé par Jennifer Lee et Chris Buck, 2013, États-Unis

Elsa et Anna sont deux soeurs, princesses du royaume d’Arendelle. Petites filles, elles adorent jouer ensemble et profitent des pouvoirs d’Elsa, capable de créer glace et neige. Mais un jour, Elsa blesse accidentellement sa soeur… Leurs parents décident de les séparer et de faire porter des gants à Elsa pour qu’elle ne crée plus de magie. Plusieurs années plus tard, après la mort du roi et de la reine, une fête est organisée au château en l’honneur de la majorité d’Elsa. Par mégarde, elle dévoile ses pouvoirs et plonge le royaume dans l’hiver… Elle prend alors la fuite, et Anna part à sa recherche.

Libérééééée, délivréééée… Un chouette film des studios Disney, avec pour la première fois DEUX héroïnes fortes. Leur relation est très développée et centrale dans le film, c’est assez rare pour être souligné ! Bon, les autres personnages sont tous des hommes, et on n’échappe ni à l’extrême minceur des princesses Disney, ni bien sûr à une histoire d’amour hétéro bien comme il faut (et aux chansons qui vont avec)… Heureusement, Elsa y échappe, elle chante surtout sur l’amour de soi (et certain.e.s la verraient bien lesbienne !).

La princesse et la grenouille 

Dessin animé réalisé par Ron Clements et John Musker, 2009, États-Unis

Années 1920, Nouvelle-Orléans. Un prince se retrouve transformé en grenouille par un sorcier… Il se met en tête de trouver une princesse acceptant de l’embrasser, et rencontre Tiana, une serveuse noire américaine qui s’apprête à acheter son propre restaurant. Mais quand elle l’embrasse, elle se transforme elle aussi en grenouille…

Tiana, c’est la première héroïne noire de Disney (même si elle passe finalement la plus grande partie du film en grenouille à la peau verte…). Déterminée et courageuse, elle est aussi ancrée dans une réalité plus proche de la nôtre, elle est moins “princesse gnangnan”. Dommage que dans ce dessin animé en 2D, qui tente un peu trop de renouer avec les classiques d’antan, on n’échappe pas au schéma du prince charmant qui permettra l’accomplissement.

Minga et la cuillère cassée

Film d’animation réalisé par Claye Edou, 2017, Cameroun (inspiré d’un conte camerounais)

Minga, orpheline, vit chez sa belle-mère Mami Kaba avec sa belle-soeur Abena. Elle est contrainte d’effectuer de nombreuses tâches domestiques… Mais un jour, en sortant chercher de l’eau, elle casse une cuillère à laquelle Mami Kaba tient beaucoup. Elle est donc chassée de la maison, avec l’interdiction de revenir si elle ne trouve pas la même cuillère en remplacement. Elle se lance alors à la recherche de cette cuillère…

Inspiré d’un conte camerounais, ce film est le premier long-métrage d’animation entièrement réalisé au Cameroun, avec un bien petit budget comparé aux grosses productions américaines, canadiennes ou françaises… On suit les aventures de Minga, l’héroïne, et ses rencontres avec de nombreux personnages qui vont l’aider ou l’empêcher d’atteindre son objectif. L’aider, voire faire à sa place… malheureusement, l’arrivée d’un prince charmant prend rapidement le dessus sur les aventures de Minga. Et puis, les seules autres femmes de l’histoire sont des méchantes, dommage. Bref, une chouette découverte, mais qui est fortement marquée par les stéréotypes !

Wardi 

Film d’animation réalisé par Mats Grorud, 2018, Palestine, Liban, Norvège, Suède, France

Wardi est une petite fille palestinienne, qui vit dans un camp de réfugié.e.s au Liban. Elle y est née, ainsi que ses parents et même ses grands-parents. Un jour, son arrière-grand-père Sidi, le seul né en Galilée, lui confie les clés de son ancienne maison. Wardi craint qu’il ait perdu l’espoir d’y retourner un jour… Alors, elle part à la recherche de cet espoir perdu, auprès de chacun.e des membres de la famille.

Wardi grimpe les étages de sa maison, construite sur 4 générations de vie au camp de réfugié.e.s, pour rencontrer son arrière-grand-père, son grand-père et sa grand-mère, sa tante, son oncle… qui témoignent chacun.e de la manière dont ils/elles sont arrivé.e.s ou sorti.e.s du camp et des atrocités qu’ils/elles ont traversé pour survivre. C’est un très beau film, qui alterne deux techniques d’animation en fonction de la temporalité des différentes scènes : le présent en stop-motion, le passé en dessins animés. Accessible dès 10 ans, très pédagogique, certaines scènes sont cependant particulièrement violentes et nécessiteront un accompagnement.