Elisa y Marcela

Film réalisé par Isabel Coixet, 2019, Espagne

A la fin du XIXème siècle, Marcela rencontre Elisa dans une école religieuse. Une amitié très forte se noue, une histoire d’amour se crée. Quelques années plus tard, les deux jeunes femmes se retrouvent, s’aiment, vivent ensemble… mais comment faire pour éviter les commérages ? Elisa se fait alors passer pour un homme pour pouvoir épouser Marcela…

Elisa y Marcela a le très grand mérite de nous faire découvrir l’histoire vraie de ces deux femmes lesbiennes, qui se sont mariées un siècle avant les débats sur le mariage pour toutes et tous. Esthétiquement parlant, il offre quelques très belles séquences, le tout en noir et blanc. Mais si le jeu des actrices est plutôt bon, les longueurs se font sentir rapidement. Une scène de sexe impliquant un poulpe est franchement ridicule. Bref, un film qui ne nous a pas totalement convaincues !

A thousand girl like me

Documentaire réalisé par Sahra Mani, 2019, Afghanistan, France

Dans la banlieue de Kaboul, Khatera, enceinte, vit avec sa mère et sa fille. Cette dernière, ainsi que son enfant à naître, sont issus des viols de Khatera par son propre père. Khatera est déterminée à faire entendre la vérité, elle veut que son père soit puni de ces viols commis depuis de longues années. Elle saisit la justice, médiatise l’affaire, tout en déménageant régulièrement avec sa famille pour se protéger de la famille du père.

La documentariste Sahra Mani a rencontré Khatera en 2014 et a commencé à la suivre, à filmer son combat épuisant et souvent dangereux, avec beaucoup de sensibilité, de bienveillance. On découvre une héroïne survivante de viols par inceste, au courage incroyable, qui reprend le contrôle sur sa vie. Il y a aussi sa mère, victime elle aussi, qui doute parfois mais la soutient toujours. Et puis la petite fille, qui grandit dans cet univers chaotique. Ce très beau film donne envie de se battre, pour toutes les femmes, contre toutes les violences des hommes.

The Crown

Série créée par Peter Morgan, depuis 2016, Etats-Unis, Royaume-Uni

Dans cette série, on suit la vie de la reine d’Angleterre Elisabeth II, à partir de son mariage avec le prince Philip. On découvre les conditions de son accession au trône, ses déplacements à l’international, ses relations avec le gouvernement (notamment Churchill au début de son règne) et avec sa famille, le poids du protocole, etc.

S’il ne faut pas s’attendre à autant de rebondissements, trahisons et passion que dans d’autres séries historiques, on s’attache rapidement à l’héroïne et aux autres personnages. Certes, il faut aimer les intrigues politiques et cette ambiance feutrée, assez sombre, très millimétrée. Mais la réalisation est belle, les actrices et acteurs excellent.e.s ! Claire Foy, qui joue la reine dans les deux premières saisons, est particulièrement impressionnante. Et puis, la série s’intéresse beaucoup aux rapports de la reine, en tant que jeune femme au début de la série, avec les hommes de son entourage (son mari, les politiciens) ; à la manière dont elle va affirmer sa position vis-à-vis d’eux. Au total, 6 saisons de 10 épisodes chacune sont prévues, avec des changements d’acteurs toutes les deux saisons.

But I’m a cheerleader

Film réalisé par Jamie Babbit, 1999, Etats-Unis

Megan est lycéenne, pom-pom girl et en couple avec un garçon qu’elle n’aime pas vraiment embrasser… Inquiets par ce comportement, ses parents l’envoient dans un centre de thérapie pour jeunes homosexuel.le.s, ayant pour objectif de les convertir à l’hétérosexualité.

Avec beaucoup d’humour et de kitsch, ce film dénonce l’existence et les méthodes de ces centres, très actifs encore aujourd’hui aux États-Unis, en France et ailleurs dans le monde. Le film dénonce aussi les stéréotypes qui pèsent sur les filles et les garçons (le rose/le bleu, le ménage/le sport, etc.). Le duo d’actrices principales, Clea DuVall et Natasha Lyonne (que vous pouvez retrouver dans Orange is the new black et Poupée russe), est adorable et la réalisatrice est une femme lesbienne, ce qui est assez rare pour être précisé !

Sur le même thème, on vous conseille Come as you are.

Come as you are

Film réalisé par Desiree Akhavan, 2018, Etats-Unis, d’après le roman d’Emily M. Danforth The Miseducation of Cameron Post

Cameron Post est une adolescente lesbienne au début des années 90. Surprise en train d’embrasser son amie Coley, elle est envoyé dans un centre évangélique pour être remise “sur le droit chemin”. 

Come as you are est un film essentiel qui rappelle que l’homosexualité n’est ni une anormalité, ni une maladie, et qui dénonce les structures, notamment religieuses, qui tentent de la combattre/guérie (ou plutôt de casser les personnes pour qu’elles ne soient plus en mesure de tout simplement vivre). Quelques passages sont un peu lents, mais l’actrice Chloë Grace Moretz est vraiment touchante : une raison en soit de regarder ce film. Sur le même thème, on vous conseille But I’m a cheerleader !

Dix pour cent

Série créée par Fanny Herrero et Dominique Besnehard, depuis 2015, France 

C’est la crise à l’agence artistique ASK : son fondateur vient de mourir… Andrea, Mathias, Gabriel et Arlette tentent de sauver leur agence !

Dans chaque épisode de cette série, des acteurs et actrices jouent leur propre rôle… avec humour ! On suit donc à la fois les aventures des membres de l’équipe, composée de plusieurs femmes aux personnalités affirmées, et la vie privée et professionnelle des stars qu’ils/elles accompagnent. L’équipe en charge de l’écriture est très féminine, la créatrice est féministe, et cela se ressent dans les sujets abordés : gestion de la maternité, sexisme, discriminations contre les actrices considérées comme « trop vieilles », mais aussi homosexualité (Andrea est l’une des premières héroïnes lesbiennes d’une série française) et racisme.

Sex Education

Série créée par Laurie Nunn, depuis 2019, États-Unis, Royaume-Uni 

La série suit 2 personnages : Otis, un jeune garçon dont la mère est sexologue, complexé car il n’a jamais eu de rapport sexuel et ne parvient pas à se masturber, et Maeve, jeune fille qui vit seule dans un mobile-home, rebelle et décomplexée. Otis se retrouve à aider un autre lycéen qui a des problèmes d’éjaculation, ce qui pousse Maeve à lui proposer de mener des consultations payantes de sexologie au sein du lycée…

Dans chaque épisode, un.e lycéen.ne exprime un problème lié à la sexualité. La série parle donc d’homosexualité, d’avortement (un bel épisode sur le sujet), de harcèlement, de diffusion d’images à caractère pornographique… En plus d’aborder ces sujets importants, la série aurait pu afficher un vrai point de vue féministe sur les sexualités. Oui, mais… la série parle surtout des garçons et de sexualité masculine ! Le clitoris est quasiment absent de la série (il apparaît très rapidement sur un dessin) et le plaisir est abordé quasi uniquement via la pénétration (la sexualité est d’ailleurs définie comme : « un homme met son pénis dans le vagin d’une femme », ce qui est pour le moins restrictif…), sauf dans un épisode centré sur le plaisir féminin. L’injonction à avoir des rapports sexuels est assez omniprésente, avoir couché à 15 ans est présenté comme la normalité et le contraire comme l’anormalité (alors que c’est une série pour ados, ce qui peut avoir comme conséquence de les complexer davantage). Plusieurs scènes sont très gênantes, avec nudité et scènes de sexe proches de la pornographie. Pire épisode à notre avis (attention spoiler) : celui sur 2 lycéennes en couple lesbien. Otis les « aide » en leur faisant tester de nouvelles façons de faire l’amour, notamment dans une piscine, en mode ciseaux (coucou le cliché), devant lui (!!). Il s’inspire évidemment d’un site pornographique. Bref, quand même pas une série si parfaite à nos yeux !

Rebelles 

Long métrage réalisé par Allan Mauduit, 2019, France

Sandra, ancienne miss Nord-Pas-de-Calais, rentre chez sa mère sans le sous. Pour s’en sortir, elle accepte un poste dans une usine de fabrication de conserves de poisson. Elle y rencontre Marilyn et Nadine. Un soir, leur patron tente de violer Sandra. Après quelques péripéties, elles se retrouvent avec son cadavre sur les bras…

On ne va pas vous le cacher : Rebelles est un film jouissif ! On attendait depuis longtemps un film français qui prendrait le parti des femmes victimes plutôt que du violeur. Le film montre surtout trois héroïnes de milieu populaire qui veulent s’en sortir en mettant leurs forces en commun (tant bien que mal), et avec beaucoup d’humour. Cécile de France, Audrey Lamy et Yolande Moreau sont au top dans leurs rôles ! Deux alertes tout de même : beaucoup de scènes de violences sur les héroïnes de la part d’hommes, et pas mal de scènes gore (du sang et des cadavres d’humains et d’animaux), peut-être pas à regarder pour tout le monde donc. Si le scénario vous a plu, jetez un œil du côté de la série Good Girls.

Enquêtes codées / The Bletchley Circle

Série créée par Guy Burt, 2012-2014 (2 saisons), Royaume-Uni 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Susan, Millie, Lucy et Jean travaillaient toutes les 4 au sein de Bletchley Circle, site de décryptage du Royaume-Uni. En 1952, alors que chacune a repris une vie « normale », une série de meurtres de femmes secouent les actualités. Susan découvre un code qui pourrait permettre de résoudre ces crimes… Mais la police est sceptique face à ses hypothèses. Elle fait alors appel à ses anciennes collègues.

Une enquête policière passionnante, par un groupe de 4 femmes expertes en décryptage : voici de chouettes ingrédients pour cette série courte (7 épisodes en 2 saisons) et prenante. Les héroïnes, que l’après-guerre a ramenées à une vie domestique morne sans travail, sont super fortes et vraiment attachantes ! Attention cependant, certaines scènes sont très violentes, montrant les corps des femmes assassinées et violées. Une suite intitulée « Bletchley Circle San Francisco » est également sortie.

Vida

Série créée par Tanya Saracho, depuis 2018, États-Unis

À l’annonce de la mort de leur mère, Emma et Lyn reviennent au domicile familial à East Los Angeles. Elles découvrent alors que leur mère était mariée avec Eddy, une lesbienne butch. Emma n’accepte pas cette situation, refuse qu’une partie de l’héritage aille à cette femme, et cherche à résoudre les problèmes d’argent laissés par sa mère. De son côté, Lyn recroise son ancien amant… Et on croise aussi le chemin de Marisol, très engagée contre la gentrification du quartier qui tend à remplacer la communauté mexicaine américaine.

Beaucoup d’héroïnes, des personnages d’origine mexicaine, des lesbiennes, une végane… Si Vida est une belle surprise côté représentation, une grosse déception concernant le traitement de la sexualité… très très pornifiée. Les deux sœurs sont ultra sexualisées, surtout Lyn.