Le viol

Long métrage réalisé par Alain Tasma, 2017, France, Belgique

En 1974, 2 femmes lesbiennes belges en vacances dans le sud de la France sont victimes d’un viol collectif. Or, le viol n’est pas reconnu comme un crime aux yeux de la loi… S’ensuit leur bataille judiciaire, notamment aux côté de Gisèle Halimi dans ce qui deviendra l’un de ses plus célèbres procès, en 1978.

Un film très pédagogique, qui montre très bien les enjeux de ce procès qui permettra au crime de viol d’être reconnu comme tel en 1980. Attention, certaines scènes du début du film sont très violentes (le viol, les examens gynécologiques, les entretiens avec la police ou d’autres “spécialistes”).

Seven sisters

Long métrage réalisé par Tommy Wirkola, 2017, États-Unis, France, Royaume-Uni, Belgique

Nous sommes dans un monde futuriste où est mise en place une politique d’enfant unique. Or, les héroïnes sont 7… soeurs. Elles sont donc contraintes de se faire passer pour une seule femme, et sortent chacune un seul jour de la semaine. Jusqu’à ce qu’une d’entre elles disparaissent…

Tout plein d’héroïnes, interprétées avec brio par une seule actrice : ça partait bien, et on pouvait s’attendre à de belles scènes de sororité… Sauf que : le père a clairement orchestré la séquestration de ses filles, les poussant à abandonner leurs personnalités (ou leurs doigts !) pour survivre. La sororité n’est pas au rendez-vous : au contraire, les soeurs se déchirent… pour des motivations super essentialistes.

Edie

Long métrage réalisé par Simon Hunter, 2017, Royaume-Uni

A plus de 80 ans et quelques mois après la mort de son mari, Edie ne se voit pas aller en maison de retraite… C’est pourtant ce que semble planifier sa fille. Elle décide alors de réaliser l’ascension du mont Suilven en Écosse, ce que son mari lui avait interdit…

Des beaux paysages et de grands moments d’optimisme dans ce film, qui parle aussi des relations (et des incompréhensions) entre générations. Savoir que Sheila Hancock, brillante actrice de 83 ans au moment du film, est devenue la plus vieille personne à réellement ascensionner le mont Suilven, ne fait que renforcer le coup de coeur ! Dommage que le film ne soit pas sorti en France… 

Pour découvrir une autre héroïne qui randonne, nous vous conseillons le film Wild.

On vous parle aussi d’Edie dans un podcast sur Euradio ! Rendez-vous ici !

3 billboards : les panneaux de la vengeance

Long métrage réalisé par Martin McDonagh, 2017, Royaume-Uni, États-Unis

7 mois après le viol et le meurtre de sa fille, pour lesquels la police n’a trouvé aucun coupable, Mildred loue 3 énormes panneaux publicitaires, sur lesquels elle accuse directement le chef de la police d’inaction. Ces panneaux vont déclencher de nombreuses réactions dans la petite ville.

Beaucoup de violences dans ce film aux personnages acerbes, qui a malgré tout le mérite de présenter une héroïne très forte, mais aussi hyper cynique et désabusée, jouée par la talentueuse Frances McDormand. Son désir de vengeance grandit au fur et à mesure du film… sans que jamais justice ne soit réellement rendue.

Ocean’s 8

Long métrage réalisé par Gary Ross, 2018, États-Unis

Debbie Ocean est la soeur de Daniel, le héros des 3 premiers Ocean’s. Elle sort de 5 ans de prison, avec un plan ambitieux : dérober un collier à 150 millions de dollars…

Un film de casse finalement assez classique, mais avec une équipe 100% féminine. En soi, c’est déjà presque une prouesse ! Avec en prime, des actrices de haut vol : Sandra Bullock, Rihanna, Anne Hathaway, Mindy Kaling, Awkwafina, Cate Blanchett, Helena Bonham Carter et Sarah Paulson. Bon, dommage qu’elles soient pour la plupart hyper sexualisées.

Je ne suis pas un homme facile

Long métrage réalisé par Eléonore Pourriat, 2018, France

Un homme ultra-macho se retrouve propulsé dans un monde parallèle où les rapports de domination sont inversés : les femmes détiennent le pouvoir.

Si le film présente quelques amusantes trouvailles (la Mère Lachaise, les fliQUEs, la position de l’accouchement…), on a regretté :

  • les inversions non réalisées (les femmes conservent grossesse et accouchement ; elles restent plus petites et fluettes que les hommes)
  • que les hommes supposés dominés ne montrent pas de peur face à cette domination (plusieurs scènes où des hommes haussent tout de suite la voix en situation d’oppression, se révoltent)
  • qu’il n’y ait aucune remise en question de la part du macho, qui apprécie même le harcèlement dont il est victime
  • l’usage de la violence physique uniquement par des hommes, notamment sur des femmes qui en portent les traces.

Malgré tout, une possible porte d’entrée vers une compréhension du patriarca(ca)t.

Woman at war

Long métrage réalisé par Benedikt Erlingsson, 2018, Islande, France, Ukraine

A 50 ans, Halla se bat contre l’implantation d’une multinationale d’aluminium en Islande, en sabotant des lignes électriques. En parallèle, elle apprend que sa demande d’adoption a été acceptée…

Très chouette film, très drôle, avec une superbe mise en musique ! L’histoire d’une activiste écolo, avec de la sororité dedans (le personnage de la soeur d’Halla est jouée par la même actrice, Halldóra Geirharðsdóttir, dont on salue d’ailleurs la performance).

On vous en parle aussi dans une de nos chroniques hebdomadaires sur Euradio !

Rafiki

Long métrage réalisé par Wanuri Kahiu, 2018, Kenya

Kena et Ziki sont lycéennes à Nairobi. Au cours de la campagne électorale dans laquelle s’affrontent leurs pères respectifs, elles se rapprochent… et doivent faire face à la lesbophobie et aux violences lesbophobes.

On n’a pas souvent l’occasion de voir au cinéma un film aussi beau et fort sur une histoire d’amour lesbienne, qui plus est réalisé par une femme. Il s’agit du 1er film kenyan sélectionné à Cannes (sélection « Un certain regard »). Le film a été interdit au Kenya, où l’homosexualité est passible de 14 ans d’emprisonnement. Afin de lui permettre de briguer les Oscars (il ne sera finalement pas proposé par le comité de sélection kenyan, au profit de Supa Modo), la censure a été levée pendant 7 jours, et le film diffusé dans 5 salles de la capitale.

La mauvaise réputation

Long métrage réalisé par Iram Haq, 2018, Allemagne, Norvège, Suède

A 16 ans, Nisha mène une double vie. Elle est partagée entre sa vie familiale, empreinte des traditions pakistanaises, et sa vie d’adolescente norvégienne ordinaire. Une nuit, son père la surprend avec son petit ami. Comme punition, elle est alors envoyée dans sa famille au Pakistan.

Attention, le film a un avertissement (« des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs »), et pas pour rien… Pas beaucoup de positif pendant 1h40 dans ce film construit comme un thriller, vous voilà prévenues. Les humiliations sont très nombreuses (certaines impliquant la nudité de l’héroïne), de la part de personnages masculins comme féminins. Maria Mozhdah, qui interprète l’héroïne, est formidable.

Senses 1&2

Long métrage réalisé par Ryusuke Hamaguchi, 2018, Japon

A travers 5 épisodes liés aux 5 sens, on suit les retrouvailles et vies quotidiennes de 4 femmes, dont la vie (notamment conjugale) est loin d’être rose.

Si l’idée de départ et les personnages sont forts (et les actrices géniales), les personnages masculins prennent vraiment beaucoup de place et sont (à notre avis !) inutilement importants dans le scénario. Résultat, on n’a pas vu la suite (Senses 3&4, Senses 5).