The Bookshop

The Bookshop

Long métrage réalisé par Isabel Coixet, 2017, Royaume-Uni, adapté du roman The Bookshop écrit par Penelope Fitzgerald

Nord de l’Angleterre, dans les années 50. Florence, veuve, décide de réaliser son rêve de toujours et d’ouvrir une librairie dans une petite ville. Mais tous ses voisins ne sont pas d’accord avec cette arrivée et ce projet.

Si vous avez envie de faire un tour dans la campagne anglaise avec une héroïne, The Bookshop est le film qu’il vous faut. Entre paysages magnifiques et humour anglais, le film dépeint la seconde vie d’une femme plus toute jeune, qui surmonte tous les obstacles pour réaliser son rêve. Constamment dérangée et freinée par les notables de la petite ville, on peut y trouver une illustration à l’échelle locale des dynamiques de domination. On aime beaucoup la relation qu’elle crée avec une petite fille effrontée qui vient l’aider à la librairie.

Ma belle-famille, Noël et moi

Long métrage réalisé par Clea DuVall, 2020, Etats-Unis

Harper adore Noël, Abby moins. Cette dernière s’apprête toutefois à demander Harper, sa petite amie, en mariage ce Noël… jusqu’à ce qu’elle découvre que Harper n’a pas fait son coming out auprès de sa famille.

Fanes des films de Noël, en 2020, il y a de la nouveauté ! Une histoire lesbienne avec Kristen Stewart en personnage principale, Happiest season (de son titre original) est un concentré de drama, de blagues gentilles et surtout de beaucoup d’amour. Le film n’est pas parfait et le scénario accumule les clichés (pas de surprise !) mais il y a de la bonne volonté : est-ce que ce n’est pas toutes les cases qu’un film de Noël doit cocher ?

La réalisatrice Clea DuVall est également l’une des actrices principales de But I’m a cheerleader qu’on vous conseille absolument !

Et pour un autre film de Noël qui remet en cause les clichés, on vous conseille Christmas flow.

Slalom

Slalom

Long métrage réalisé par Charlène Favier, 2020, France

Lyz a 15 ans et intègre un nouveau lycée en sport-étude ski. Elle y fait la connaissance de Fred, son entraineur, qui détecte chez elle un grand potentiel et décide de la prendre sous son aile… et sous son emprise.

Slalom montre la construction d’une future sportive de haut niveau dans le milieu du ski et évoque le thème trop rare des violences sexuelles dans le milieu du sport. Moue boudeuse et détermination féroce, l’actrice principale Noée Abita est parfaite pour incarner l’adolescente un peu paumée qu’est Lyz. Les paysages, la lumière, la musique sont magnifiques ! Seul bémol, on a vraiment (vraiment) été déçues par la représentation des violences sexuelles à l’écran : les scènes, quasiment montrées en temps réel, sont très explicites et insoutenables. Pour autant, les conséquences de ces agressions sont très bien montrées, entre pertes de repère, isolement et prises de risques de l’héroïne.

Pour une autre héroïne dans le milieu du sport, on vous conseille les films Baseball girl et La Beauté du geste.

Mulan

Long métrage réalisé par Niki Caro, 2020, Etats-Unis, Chine

Mulan est une jeune femme effrontée, qui préfère l’activité physique plutôt que de rester sagement à la maison comme la tradition le voudrait. Quand son père, âgé et affaibli, est mobilisé pour aller au combat, elle se fait passer pour un homme et prend sa place.

Dans la série des remakes de films d’animation Disney en films en prises de vues réelles, Mulan est plutôt une réussite ! Certes, cette version est moins fidèle à la version dessin animé (le personnage de Mushu n’existe pas, il y a moins de « magie » et aucune chanson par exemple), mais cela en fait un film plus mature, davantage destiné aux adolescent.e.s qu’aux enfants. Probablement pour être dans l’air du temps, Disney introduit un personnage secondaire féminin assez intéressant, même si son histoire est finalement assez limitée. On aime aussi que les décors (magnifiques) soient plus réalistes et moins exotisés et que l’ensemble des acteurs et actrices du casting soit chinois.es ou d’origine chinoise (ouf), même si ce n’est pas le cas de la réalisatrice.

Cependant, plusieurs polémiques accompagnées d’appels au boycott ont éclaté à la sortie du film, qu’il nous a semblé important d’évoquer ici : le soutien de l’actrice principale aux répressions policières à Hong-Kong ; le tournage dans la région de Xinjiang, où Pékin est accusé de violations des droits des Ouïghours ; la suppression de l’icône bisexuelle Li Chang (remplacé par 2 personnages masculins, avec quand même de fortes allusions homosexuelles à notre avis !). Bref, à vous de voir si vous souhaitez visionner ce film ou pas, et sur quelle plateforme !

Seberg

Seberg

Long métrage réalisé par Benedict Andrews, 2019, Etats-Unis

Alors icône du cinéma de la Nouvelle Vague en France, l’actrice Jean Seberg décide de rentrer aux Etats-Unis. A Los Angeles, elle fait la connaissance d’un célèbre activiste des Black Panthers. Ils entament une relation et Jean Seberg est mise sous surveillance par le FBI.

Seberg raconte librement une partie de la vie de l’actrice Jean Seberg et notamment sa période de surveillance illégale par le FBI. Le film montre bien comment cette intimidation a marqué sa vie quotidienne, créant peur et paranoïa, avec de graves conséquences. On a aussi ici un aperçu de la façon dont le réseau d’activistes des Black Panthers se mobilisait et s’organisait.

Les saveurs du palais

Long métrage réalisé par Christian Vincent, 2012, France

Hortense Laborie est une cuisinière réputée. Un jour, on vient la chercher dans son Périgord pour l’emmener à Paris… où on lui propose le poste de cuisinière personnelle du Président de la République.

Les saveurs du palais est un film inspiré librement de l’expérience de Danièle Mazet-Delpeuch, ancienne cuisinière (et première femme à ce poste !) du président de la République française François Mitterrand de 1988 à 1990. C’est une vision inédite du palais de l’Elysée qui est proposée dans ce film, qui montre les coulisses et le fait d’avoir un poste à responsabilité en tant que femme dans ces coulisses. Hortense est confrontée non seulement au protocole (qu’elle arrive à outrepasser au fil des semaines) mais également au machisme du reste de l’équipe de cuisine, composée uniquement d’hommes. Un film sympathique.

Les délices de Tokyo

Long métrage réalisé par Naomi Kawase, 2015, Japon, d’après le roman du même nom écrit par Durian Sukegawa

Sentaro est un vendeur de dorayakis, ces gâteaux japonais moelleux avec de la pâte de haricot rouge au milieu. Un jour, Tokue, une femme de plus de 70 ans qui fait une pâte de haricot rouge exquise, lui demande de l’embaucher.

Les délices de Tokyo dépeint la relation peu courante entre 3 personnages de générations différentes : une vieille femme, un homme et une collégienne, et leur relation à ces dorayakis. C’est peu souvent qu’on a l’occasion de voir des femmes de cet âge au cinéma et le personnage de Tokue est particulièrement touchant et attachant. Le film aborde également la question de la solitude des personnages, pour plein de raisons différentes, notamment celle de l’exclusion sociale face à la maladie (nous n’en disons pas plus pour ne pas vous spoiler !).

Enola Holmes

Long métrage réalisé par Harry Bradbeer, 2020, Royaume-Uni, Etats-Unis

Enola, 16 ans, vit des jours paisibles dans la campagne anglaise avec sa mère Eudoria, qui l’éduque elle-même. Au programme : tennis, auto-défense, lectures et sciences (explosives !). Quand Eudoria disparait, Enola se met à sa recherche, échappant à la surveillance de ses deux frères Mycroft et Sherlock Holmes et sauvant au passage un jeune lord fugueur…

Vous connaissez sûrement Sherlock Holmes et Mycroft, son frère-meilleur ennemi. Mais connaissez-vous la petite sœur de la famille ? Enola Holmes est une jeune femme débrouillarde et futée qui nous embarque dans une chouette aventure. Certains partis pris (de scénario, de personnalité des personnages, de choix d’acteurs et actrices secondaires racisé.e.s…) sont dans l’air du temps : on aime par exemple le duo formé par Enola, débrouillarde, qui sait se battre et ne se laisse pas marcher sur les pieds, et le personnage du Lord, jeune homme un peu poète à sauver, qu’on voit pleurer. Le récit accorde également une belle place à la relation de l’héroïne avec sa mère, jouée par Helena Bonham Carter (aussi aperçue dans Les Suffragettes). Peu de surprises, mais une belle découverte à regarder en famille.

Mignonnes

Long métrage de Maïmouna Doucouré, France, 2020

Amy, 11 ans, vit avec sa mère et ses deux petits frères. Le père est absent, et on apprend bientôt qu’il prépare son mariage avec une seconde épouse, qu’il compte ramener du Sénégal. Quand elle rencontre Angelica, une collégienne du même âge qu’elle, Amy est fascinée : elle aussi elle veut danser, adopter des poses suggestives, participer au concours de danse avec Angelica et ses amies…

Maïmouna Doucouré s’attaque dans ce film à l’hypersexualisation des petites filles : facteur d’émancipation féminine ou nouvelle forme d’oppression ? Elle évoque cette période charnière de l’adolescence, où des fillettes (jouées par de jeunes actrices formidables, il faut le dire !) veulent s’émanciper, accéder à la liberté, et agissent de manière quasi schizophrénique : elles jouent à manger le plus de bonbons possible dans une scène… et se trémoussent à moitié nues dans la suivante.

La manière de filmer reflète également ces deux facettes : on passe de scènes intimistes, au plus près des émotions des personnages… à des scènes où la caméra se fait voyeuriste, filmant des parties fragmentées de leurs corps de petites filles en gros plan (voir notre article sur le « male gaze”), accompagné d’une musique très forte qui accentue le caractère insupportable des scènes. Le film montre d’ailleurs les réactions des spectateurs face aux jeunes filles : certaines détournent les yeux (les femmes surtout) quand d’autres apprécient (sans surprise, surtout des hommes). Alors oui, on peut s’interroger sur le fait de produire des images supplémentaires de type pédopornographique. Maïmouna Doucouré assume son choix : elle veut choquer pour provoquer une réaction. On pense aussi à la communication désastreuse de Netflix autour du film lors de sa sortie, qui a provoqué une vague d’insultes contre la réalisatrice… A quand une colère dirigée plutôt contre le système patriarcal qui permet cette hypersexualisation des petites filles ?

Pour une autre histoire (bien différente) d’hypersexualisation des petites filles, traversez l’Atlantique pour découvrir Little Miss Sunshine.

Marie-Antoinette

Long métrage réalisé par Sofia Coppola, 2006, Etats-Unis, France

Marie-Antoinette, archiduchesse encore adolescente, quitte son Autriche natale pour être mariée au futur roi de France, Louis XVI. Une fois à Versailles, elle s’entend difficilement avec son mari et se réfugie dans l’oisiveté et la frivolité de la cour.

Marie-Antoinette est un film déstabilisant. On aime qu’une des reines les plus connues de France et peu valorisée de manière positive soit au cœur d’un film grand public. Cependant, la réalisatrice joue avec les codes (notamment historiques) et prend le partie de centrer son récit sur la frivolité et futilité de ses occupations quotidiennes, alors que c’est justement déjà pour ça que cette reine française est connue (et décriée). Le film est beau, plein de couleurs pop, la bande son est géniale et totalement anachronique (et c’est assumé), l’actrice principale Kirsten Dunst (déjà vue chez Sofia Coppola dans Virgin Suicides) illumine le film. On aime ou pas.