Mon gras et moi

Mon gras et moi

Bande dessinée écrite et dessinée par Gally, 2008, France

L’héroïne de cette bande dessinée et grosse, très grosse. Elle raconte son quotidien, fait du regard réprobateur des autres et de la culpabilité.

Autrice et dessinatrice du blog-BD « Le blog d’une grosse » (aujourd’hui fermé) dans les années 2000, Gally a rassemblé et complété ses planches en cette bande dessinée. Précurseuse parmi les prises de paroles de femmes grosses de ces dernières années, la BD reste très sombre. Pendant le confinement en avril 2020, sa bande dessinée a été diffusée en ligne gratuitement par l’éditeur : elle en a profité pour contextualiser cette oeuvre, avec 10 ans de recul. Ses tweets sont à lire ici pour des éléments de compréhension supplémentaires.

Les sentiments du prince Charles

Bande dessinée écrite et illustrée par Liv Strömquist, 2010, Suède

Liv Strömquist dénonce la société patriarcale, en prenant comme point de départ le couple Prince Charles – Lady Diana. Elle aborde de nombreux sujets : modèle de la famille hétérosexuelle, mariage et droit de propriété sur le corps des femmes, stéréotypes de genre, toute puissance des hommes, violences contre les femmes…

Suivre la pensée de l’autrice prolifique Liv Strömquist n’est pas toujours évident… Son style ironique et destructuré, mais toujours très documenté, ne plaira pas à tou.te.s. Nous on l’aime bien ! A lire aussi : L’origine du monde et I’m every woman.

NOIRE. La vie méconnue de Claudette Colvin

Bande dessinée illustrée par Emilie Pleateau, d’après le livre de Tania de Montaigne, 2019, France, Etats-Unis

L’histoire a retenu le combat de Rosa Parks, qui a refusé de céder sa place à un Blanc dans un bus, en 1955. Mais quelques mois plus tôt, une jeune fille de 15 ans, Claudette Colvin, avait également refusé de céder sa place…

Cette BD raconte l’histoire de cette jeune fille, expliquant aussi pourquoi ce n’est pas son cas qui a fait date dans l’histoire des Etats-Unis. Pourquoi, parce qu’elle était enceinte d’un homme marié, elle n’a pas été considérée assez respectable pour être la figure de proue du combat contre la ségrégation. A lire en complément de l’autobiographie de Rosa Parks, qui explique elle aussi les raisons de ce choix.

Banana Girl

Bande dessinée écrite et illustrée par Kei Lam, 2017, France, Chine

A l’âge de 6 ans, Kei arrive en France depuis Hong Kong avec sa mère pour rejoindre son père. Élevée entre culture chinoise et culture française, elle raconte son histoire.

Banana Girl est un beau témoignage d’une adulte qui revient sur son enfance et sur ce qu’est d’être une petite fille asiatique en France. Elle raconte le racisme, contre elle, contre ses parents, mais également intériorisé. Entre souvenirs et questions identitaires, des superbes planches dessinées parsèment le livre. Une belle découverte, on aurait même aimé qu’il y ait plus de pages !

Green mechanic

Green mechanic

Manga réalisé par Yami Shin, 2017, Suisse

Misha survit dans la Mégapole, ville géante où cohabitent humains et robots. Grâce à son empathie sur-développée, elle peut lire les émotions des autres, souvent sans pouvoir contrôler ce don. Un jour, dans une décharge, elle trouve un « morphing », un robot capable de prendre n’importe quelle l’apparence. Et ses aventures commencent…

Un manga de science-fiction avec une héroïne ? Voilà qui est intéressant ! Certes, le robot principal de l’histoire est présenté comme un jeune homme (à l’effigie du meilleur ami disparu de l’héroïne) et son protecteur officiel. Mais les deux autres nouveaux ami.e.s de Misha cassent les stéréotypes et présentent un équilibre intéressant : Setsuna, une jeune femme qui n’a pas sa langue dans sa poche et possède une armure de combat, et Neil, un jeune homme aux bras robotiques fragiles qui réduisent son champ d’action et de protection de l’héroïne (contrairement aux schéma narratifs habituels). Le premier tome est très dense en informations sur l’univers et en aventures. En bref, on a hâte de savoir la suite (ce résumé a été écrit à partir du tome 1 uniquement).

Même style d’univers, mais tout autre génération, on vous conseille le mythique manga Gunnm (bientôt sur le site).

La vie hantée d’Anya

La vie hantée d'anya le fantome

Bande dessinée réalisée par Vera Brosgol, 2013, Etats-Unis

Anya est une adolescente un peu rebelle mais pas trop, qui n’arrive pas à trouver sa place au lycée, et globalement mal dans sa peau. Un jour, elle sèche les cours pour aller au parc, tombe dans un trou profond et… se retrouve nez à nez avec un squelette et son fantôme, du nom d’Emily. Une fois sortie d’affaire, elle trouve dans cette fantôme sa première véritable amie, pour le meilleur ou pour le pire.

Cette bande dessinée est une chouette découverte, avec de très beaux dessins. On aime bien le personnage de l’héroïne, Anya, immigrée russe aux Etats-Unis qui a lutté pour s’intégrer et est en pleine crise d’ado face à sa mère. Le personnage de la fantôme Emily, qui évolue dans le temps, peut parfois laisser sceptique mais le suspens est suffisant pour vouloir savoir quel sera le dénouement de l’histoire.

Un tout petit bout d’elles

Bande dessinée écrite par Zidrou et dessinée par Raphaël Beuchot, 2016, France, Belgique, République Démocratique du Congo

Yue Kiang travaille dans une exploitation forestière tenue par une entreprise chinoise en RDC. Pendant son temps libre, il fréquente Antoinette et sa fille Marie-Léontine. Or, Antoinette cache une blessure : elle a été excisée étant petite.

L’air de rien, cette bande dessinée amène les lectrices et lecteurs vers un sujet important : les mutilations sexuelles, qui concernent 200 millions de femmes dans le monde. D’ailleurs, des pages explicatives figurent à la fin de la BD, avec des chiffres, une carte du monde, des sources et des associations vers lesquelles se tourner. Dommage que l’ensemble de l’intrigue soit vue du point de vue de l’homme et non pas de la femme (mais pour une BD réalisée par deux hommes, ce n’est pas si surprenant), et que la relation entre Yue Kiang et Antoinette ne soit jamais questionnée.

Goupil ou face

Bande dessinée écrite et dessinée par Lou Lubie, 2016, France

Adolescente, Lou se sent soudainement très, très triste. Et puis, ça va mieux. Et puis, de nouveau, la chute. Lou consulte, un médecin la décrète dépressive, lui prescrit des antidépresseurs et des consultations avec une psychothérapeute. Du jour au lendemain, Lou va mieux… jusqu’à une nouvelle rechute. Elle enchaine les médecins, les psy… qui ont tou.te.s un avis différent sur la question. Jusqu’au jour où elle découvre la cyclothymie, un trouble bipolaire qui touche 6% de la population.

Dans cette BD autobiographique, Lou Lubie décrit avec force son désarroi et l’errance médicale qu’elle a dû subir avant, enfin, d’être diagnostiquée. Le choix des couleurs (orange et noir, presque les couleurs utilisées pour illustrer le syndrome d’Asperger dans une autre BD) permet de comprendre l’enchainement de ses différents états (euphoriques puis dépressifs voire suicidaires). L’image du renard pour décrire la cyclothymie est également très parlante. L’autrice a intégré à sa BD de nombreuses explications scientifiques très pédagogiques, permettant de mieux comprendre la dépression et les différents troubles bipolaires. C’est aussi très drôle, ajoutant de la légèreté à une réalité difficile.

Lou Lubie est également co-autrice et co-illustratrice de La fille dans l’écran et de Et à la fin ils meurent, qu’on vous conseille absolument !

Autour d’elles

Manga écrit et dessiné par Torino Shino, 2010, Japon

Quand elles étaient étudiantes, Maya et Michiru étaient en couple. Puis Michiru est partie. Cinq ans plus tard, elle resurgit dans la vie de Maya, en étant désormais mère célibataire. Décidées à vivre à nouveau ensemble, mais cette fois-ci en tant que simples colocataires, elles doivent trouver un nouvel équilibre, toutes les deux, avec le petit Yuta et leur curieux voisin Nico.

Autour d’elles, c’est une histoire de famille pas comme les autres. Dans ce manga, il n’y a pas de grands rebondissements, mais plutôt des surprises du quotidien, des états d’âmes et beaucoup d’amour. L’équilibre entre les personnages est assez bien trouvé et on a hâte de lire la suite ! Une chouette découverte !

(Résumé écrit après la lecture du tome 1, sorti en mai 2020 en version française)

Dans les yeux de Lya

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Bande dessinée en 2 tomes (en cours) écrite par Carbone et dessinée par Cunha, depuis 2019, France

Il y a quelques années, Lya a été renversée par une voiture. Maintenant paralysée des jambes et étudiante en droit, elle décide de mener l’enquête. Pour cela, elle décroche un stage dans un célèbre cabinet d’avocats, celui qui a traité son cas en justice sans condamner le coupable.

Dans les yeux de Lya est une chouette BD pour ado sous forme de polar. L’héroïne (en fauteuil roulant) est de celles qu’on trouve rarement en BD (et même en littérature tout simplement). Les dessins et les couleurs sont très belles même si on regrette les silhouettes parfois très marquées et fines des personnages féminins. On a bien aimé le fait qu’elle soit entourée d’allié.e.s fiables (une nouvelle amie sur le lieu de son stage, son meilleur ami).

Carbone, la scénariste, est également autrice de la bande dessinée Maïana.