Dear White People

Série créée par Justin Simien, depuis 2017, Etats-Unis

Sur le campus de Winchester, Samantha White anime quotidiennement une émission de radio intitulée « Dear White People ». Au programme : la dénonciation des comportements et discriminations racistes sur le campus. Et ce n’est pas du goût de tout le monde…

Une série nécessaire, ancrée dans l’actualité ! Les personnages sont successivement héros et héroïnes de chaque épisode, offrant des points de vue différents sur de nombreux sujets, sans jugement. Plusieurs femmes sont héroïnes, parlent de la place des femmes noires, d’intersectionnalité. Bon, il faut aimer le style particulier de cette série qui s’étire en longueur, les références nombreuses et pas toujours évidentes à saisir (d’autant plus bien sûr pour nous, Françaises blanches).

Cléo de 5 à 7

Cléo de 5 à 7

Long métrage réalisé par Agnès Varda, 1962, France

Cléo, jeune chanteuse à succès, attend les résultats d’examens médicaux qu’elle doit récupérer à 19h. Le film se déroule en temps réel, à partir de 17h, et suit Cléo dans ses errances dans Paris et son inquiétude à l’idée d’être gravement malade.

Charmante, stressée, décidée, majestueuse, parisienne… on ne voit qu’elle, Cléo, dans ce film de l’incontournable réalisatrice Agnès Varda. Pendant 2h, on suit ses états d’âme et toutes ses activités. Le film est découpé en deux parties bien distinctes : dans la première, Cléo se laisse transporter par les autres, elle est bien peu actrice de sa propre vie. Jusqu’à un changement radical, y compris dans sa façon de s’habiller et de se mouvoir dans l’espace public. On a beaucoup aimé le moment où elle rencontre une femme taxi ! Une bonne référence des années 60 et une excellente introduction à l’univers d’Agnès Varda.

Numéro une

Numéro Une

Long métrage réalisé par Tonie Marshall, 2017, France

Ingénieure brillante, Emmanuelle Blachey est repérée par un réseau de femmes d’influence, qui lui propose de la soutenir pour qu’elle devienne la 1ère femme à la tête d’une entreprise du CAC40.

Captivant, ce film est une brillante illustration de ce qu’est le plafond de verre et de la difficulté à le percer. L’entresoi masculin et l’énergie que le réseau de femmes s’efforce de mettre en place pour arriver à ses fins sont saisissants. Un bon film sur le patriarcat dans les plus hautes sphères de la société et sur les sacrifices (notamment sur leur vie personnelle) que doivent encore faire les femmes pour atteindre ces postes-là.

Grace et Frankie

Série créée par Marta Kauffman et Howard J. Morris, depuis 2015, Etats-Unis

Grace est une femme d’affaire retraitée, fondatrice d’une marque de cosmétiques. Frankie est une peintresse un peu hippie. Tout les oppose, et elles ne s’apprécient d’ailleurs pas beaucoup… Mais un jour, leurs maris annoncent qu’ils les quittent, car ils s’aiment depuis 20 ans et ont choisi de vivre leur histoire d’amour et leur homosexualité au grand jour ! Les deux femmes vont alors se retrouver colocataires…

Une pépite, avec (et c’est trop rare !) deux héroïnes de plus de 70 ans ! C’est drôle, avec des dialogues décapants, les héroïnes sont très attachantes. Jane Fonda et Lily Tomlin sont formidables ! Bref, même si c’est aussi très long (déjà 6 saisons), on conseille.

Les Culottées

Série animée réalisée par Mai Nguyen et Charlotte Cambon, France, 2020 (adaptée des BD de Pénélope Bagieu)

30 femmes, 30 épisodes : on découvre Annette Kellerman, nageuse et inventrice du maillot de bain moderne ; Phoolan Devi, reine des bandits en Inde ; Leymah Gbowee, militante pour la paix au Libéria ; Hedy Lamarr, à l’origine du WiFi… et d’autres encore !

Quelle bonne idée d’adapter la BD de Pénélope Bagieu en série animée ! Des épisodes courts (3min30), colorés et dynamiques, qui nous permettent d’en savoir plus sur les héroïnes de notre passé.

Dans le même style et centré uniquement sur des espionnes, on vous conseille la série Les espionnes racontent.

Nina

Long métrage réalisé par Cynthia Mort, 2016, Etats-Unis

Nina est un biopic qui retrace les années 90 de la vie de l’incroyable chanteuse, musicienne et militante Nina Simone.

Dans ce film, le parti pris est de montrer la vie privée (et le caractère bien trempé !) de cette artiste incontournable, notamment à travers sa relation avec son assistant. Dommage, la magie ne fonctionne pas complètement dans ce film, on s’est même un peu ennuyées. Le film a été très controversé à cause du choix de l’actrice principale Zoé Saldana, beaucoup plus claire de peau que Nina Simone. Son interprétation est néanmoins impressionnante (et elle a chanté elle-même les chansons du film).

Dans un autre style, on vous conseille le documentaire What happened Miss Simone? Et pour (re)découvrir d’autres chanteuses noires-américaines incontournables pour l’histoire de la musique, on vous conseille Billie Holiday, une affaire d’Etat et Respect.

Lorena, la femme aux pieds légers

Film documentaire réalisé par Juan Carlos Rulfo, 2019, Mexique

Lorena Ramírez, jeune femme autochtone, vit à Chihuahua au Mexique. Elle devient célèbre à 22 ans pour avoir remporté l’ultra marathon de Puebla, en robe et en sandales.

Ce court documentaire d’une demi-heure a le mérite de nous faire découvrir cette femme extraordinaire. Par contre, Lorena ne semble jamais très à l’aise devant la caméra en interview : ça poserait presque question sur les conditions de tournage et son envie d’être filmée ou non.

Portrait de la jeune fille en feu

Long métrage réalisé par Céline Sciamma, France, 2019

Marianne, peintresse à la fin du XVIIIème siècle, arrive sur une île bretonne. Une comtesse lui a commandé le portrait de sa fille Héloïse, afin de le faire envoyer à l’homme qu’elle doit épouser à Milan. Mais Héloïse refuse ce mariage, et refuse donc de poser pour réaliser son portrait… Marianne devra se faire passer pour la dame de compagnie d’Héloïse, mémoriser ses traits et la peindre ensuite en son absence.

Portrait de la jeune fille en feu est une merveille, une œuvre d’art ! En plus d’être une très belle histoire d’amour entre deux femmes, le film est un véritable antidote à l’habituel « male gaze », une ode au « female gaze ». Les jeux de regards entre femmes sont magiques. Dans le film, les hommes sont complètement mis à distance : on les voit à peine, ils n’existent presque pas, ou bien seulement en filigrane, à travers mariage forcé et grossesse non désirée. Marianne, Héloïse et Sophie, la domestique, créent une parenthèse de vie entre femmes, une utopie sorore où elles se tiennent les coudes (face aux douleurs des règles, face à l’avortement) et abolissent les normes sociales. Noémie Merlant et Adèle Haenel sont lumineuses. On rit, on pleure, on ne voudrait plus quitter cette bulle d’amour et de sororité.

Céline Sciamma a également réalisé Naissance des pieuvres, Tomboy et Bande de filles et Petite Maman.

Hair Love

Court métrage d’animation réalisé par Matthew A. Cherry et co-produit avec Karen Rupert Toliver, 2019, Etats-Unis

Zuri, petite fille afro-américaine, est prête pour sortir. Il ne reste plus que sa coiffure… mais les tutoriels sur internet ne sont pas si facile à suivre. Son papa arrivera-t-il à surmonter cette épreuve ?

Adorable et nécessaire, Hair Love aborde tout en douceur et avec humour un sujet qui monte ces dernières années : la représentation des femmes noires et la valorisation de leur corps (ici les cheveux), souvent cibles de remarques racistes, ou bien hypersexualisés. A noter également : ce n’est pas la maman qui s’occupe de la petite fille mais le papa, contrant ainsi les habituels stéréotypes (même s’il galère). Le court-métrage a remporté l’Oscars 2020 du meilleur court métrage d’animation. Sur le même thème, on vous conseille l’album jeunesse Comme un million de papillons noirs, qui valorise lui aussi les cheveux des petites filles et femmes noires.

Aggretsuko

Série réalisée par Rarecho, 2016-2018, 2 saisons, Japon

Dans un monde où toutes les personnes sont des animaux, Retsuko, une jeune panda rousse, est une employée classique dans une grosse entreprise japonaise classique. Son plus grand problème dans la vie ? Son supérieur, ultra sexiste et harcelant. Son défouloir pour décompresser ? Chanter du death metal au karaoké !

Quelle bonne surprise que cette série aux épisodes courts (15 minutes environ) ! Mignonne, punchy et féministe, c’est un plaisir de suivre l’héroïne dans la résolution de ses problèmes, dans ses choix de vie, dans la découverte de nouvelles alliées… Un coup de cœur ! On espère que de nouvelles saisons arriveront bientôt !