Parvana, une enfance en Afghanistan

Long métrage d’animation réalisé par Nora Twomey, 2017, Canada, Irlande, Luxembourg, Afghanistan

Parvana a 11 ans, elle habite à Kaboul, en Afghanistan, territoire encore en guerre et contrôlé par les talibans, avec sa famille. Un jour, son père est arrêté. Parvana se coupe alors les cheveux et se fait passer pour garçon pour pouvoir subvenir aux besoins de sa famille et essayer de retrouver son père.

Parvana est un véritable bijou. Beaucoup d’émotions sont au rendez-vous : on rit avec quelques scènes très drôles et malines, comme on pleure lorsque la tension et la tristesse sont trop fortes. Si le film peut être adapté à des enfants à partir de 9-10 ans, prenez quand même peut-être le soin de rassurer et d’expliquer avant, pendant et après le film des scènes qui pourrait impressionner les plus jeunes.

La fiancée du désert 

Long métrage réalisé par Cecilia Atán et Valeria Pivato, 2017, Argentine, Chili 

Teresa, 54 ans, travaille depuis 20 ans au service d’une famille à Buenos Aires. Mais un jour, elle est contrainte d’accepter un nouvel emploi… à 1000 km de là. Commence alors un long voyage à travers le pays… 

La fiancée du désert, c’est le délicat portrait d’une femme cinquantenaire (jouée par l’actrice chilienne star Paulina Garcià), contrainte à refaire sa vie. Une histoire de rencontres et de comment celles-ci peuvent changer une vie. Une ode à la liberté, enfin, à travers un road movie qui emprunte les paysages magnifiques de l’Argentine.

Thi Mai 

Long métrage réalisé par Patricia Ferreira, 2018, Espagne, Vietnam

Trois amies pas tout à fait cinquantenaires sont au bout du rouleau : Elvira est mise en pré-retraite (c’est-à-dire virée) de son poste de directrice de banque, Rosa est une éternelle femme au foyer (enfin il faudrait dire “esclave au foyer”) et Carmen apprend le décès de sa fille dans un accident de voiture… Quelques semaines après, Carmen découvre que le processus d’adoption que menait sa fille avant de mourir a abouti : une petite fille l’attend au Vietnam. Voilà donc les 3 amies faisant leurs valises pour partir au bout du monde.

Certes, le scénario est un poil absurde et irréaliste, mais nous sommes ici dans une comédie sans prétention et l’histoire de ces trois copines larguées pour la première fois à l’autre bout du monde est une vraie bulle de fraîcheur ! Amour, amitié, bêtises et découvertes à foison, ce film est une belle façon de montrer que ce n’est pas parce qu’on a 50 ans qu’on doit se priver des plaisirs de la vie ! Un chouette moment.

Polina, danser sa vie 

Long métrage réalisé par Valérie Müller et Angelin Preljocaj (adapté de la BD Polina de Bastien Vivès), 2016, France, Russie

Polina est une jeune danseuse classique russe. Alors qu’elle s’apprête à intégrer le prestigieux ballet du Bolshoï, elle assiste à un ballet contemporain qui la bouleverse. Elle décide alors de tout quitter pour la France… 

Si on préfère ne pas conseiller les œuvres de Bastien Vivès (il a écrit et dessiné une BD pédopornographique), ce film  adapté d’une de ses BD vaut le détour. Les scènes de danse remplissent le film et sont très belles. Il faut dire qu’Anastasia Shevtsova, l’actrice principale, est elle-même danseuse, et que ces scènes ont été orchestrées par le chorégraphe et co-réalisateur Angelin Preljocaj. La trame narrative, elle, est simple et efficace : Polina s’émancipe et choisit de vivre sa vie comme elle l’entend… 

The Magdalene sisters

Long métrage réalisé par Peter Mullan, 2002, Irlande, Royaume-Un

En 1964, plusieurs filles et jeunes femmes sont enfermées dans le couvent des soeurs de Marie-Madeleine, dans les environs de Dublin, car considérées comme pécheresses : Margaret a été violée par son cousin, les garçons tournent autour de Bernadette qui est “trop jolie”, Rose est fille-mère. Pour “sauver leurs âmes”, elles sont contraintes aux travaux forcés. Elles y resteront jusqu’en 1996, subissant violences, humiliations et malnutrition. 

L’histoire s’inspire des “couvents de la Madeleine”, ces congrégations religieuses où plusieurs dizaines de milliers de filles et femmes ont été enfermées entre 1922 et 1996 pour “expier leurs pêchés”. Le film est très complémentaire de Philomena, mais est beaucoup plus violent. La réalité dépeinte est cauchemardesque, les seuls moments positifs sont des moments de sororité entre les jeunes femmes enfermées. 

Borgen

Série créée par Adam Price, de 2010 à 2013, Danemark 

Birgitte Nyborg, cheffe du parti centriste danois, devient Première ministre. A la tête du gouvernement, elle tente de concilier ses valeurs et idéaux avec l’exercice du pouvoir, sa vie personnelle avec sa vie professionnelle et politique. 

Un petit bijou que cette série politique, pas assez connue du grand public… tout comme son actrice principale, Sidse Babett Knudsen, qui s’est d’ailleurs battue pour féminister le scénario ! Avec Borgen (= “le château”, surnom donné au siège du Parlement et aux bureaux du Premier ministre au Danemark), on suit avec attention et grand plaisir le parcours et les choix politiques de cette femme, confrontée à l’exercice du pouvoir dans un monde très masculin. 

On vous parle aussi de cette série dans une de nos chroniques hebdomadaires sur Euradio !

The Mindy Project

Série créée par Mindy Kaling, de 2012 à 2017 (6 saisons), États-Unis

On suit les aventures de Mindy Lahiri, une gynécologue-obstétricienne drôle et gaffeuse, qui décide de prendre de bonnes résolutions.

La série est principalement (et quasi exclusivement) tournée vers le personnage de Mindy, jouée par la créatrice du même prénom. On découvre une femme racisée indépendante, qui mène une brillante carrière et assume pleinement sa sexualité et son corps de femme grosse. Le contexte du cabinet médical est secondaire, on la suit surtout dans ses aventures hors-travail, à la recherche de l’amour… Il faut avouer que la série tourne un peu en rond, mais on lui pardonne !

Murder

Série créée par Peter Nowalk, depuis 2014, États-Unis 

Annalise Keating est avocate et professeure de droit pénal à Philadelphie. Chaque année, elle choisit des étudiant.e.s pour travailler avec elle au sein de son cabinet. Oui, mais ses étudiant.e.s se retrouvent impliqué.e.s dans un meurtre… 

Dans cette série produite par Shonda Rhimes, présent et futur s’enchaînent de manière très rapide et rythmée, ce qui peut parfois donner un peu mal à la tête ! La série est vraiment portée par l’héroïne racisée, jouée par l’exceptionnelle Viola Davis. A travers les différentes affaires que doit résoudre le cabinet, de nombreux thèmes de société sont traités : sexisme, racisme, homophobie et lesbophobie. On a aussi apprécié l’approche tout en douceur de la sexualité d’Annalise Keating. 

Et pour plus de séries de Shonda Rhimes, rendez-vous avec Olivia Pope dans la série Scandal et avec l’équipe de Grey’s Anatomy.

Orange is the new black

Série créée par Jenji Kohan (basée sur le livre autobiographique Orange Is the New Black: My Year in a Women’s Prison de Piper Kerman), depuis 2013, États-Unis

Dix ans auparavant, Piper a transporté une valise d’argent issue du trafic de drogue, pour le compte de son amante lesbienne d’alors, Alex. Aujourd’hui en couple avec un homme, le passé la rattrape et elle est incarcérée à la prison de Litchfield. Elle découvre le monde carcéral et les femmes qui l’habitent.

Créée par une femme, inspirée par l’histoire vécue et écrite par une femme, représentant les femmes dans leur diversité, cette série est résolument féministe ! Loin de se restreindre au personnage de Piper, elle est portée par de nombreux personnages féminins forts et complexes, jouées par des actrices fantastiques. Elle interroge sur les conditions de vie des détenues, mais pas que : elle aborde aussi la sexualité féminine, le lesbianisme, le consentement, le body-positivisme, la sororité… Bon, on avoue quand même avoir lâché depuis quelques saisons… 

La couleur des sentiments

Long métrage réalisé par Tate Taylor (d’après le roman éponyme de Kathryn Stockett), 2011, États-Unis

Au début des années 60, Skeeter, une jeune blanche, vient de terminer ses études de journalisme. Elle rentre dans sa famille dans le Mississipi. Elle découvre que la bonne noire, au service de ses parents depuis qu’elle était enfant, a été renvoyée. Elle rencontre aussi Aibileen et Minny, les domestiques de 2 voisines. Skeeter décide d’enquêter sur les conditions de travail de ces domestiques noires et de leur donner la parole. 

La couleur des sentiments est un film plein d’humanité et plaisant à regarder, qui a le mérite de dépeindre avec justesse les relations de domination des personnes blanches sur les personnes noires et de rappeler que la lutte pour les droits civiques aux États-Unis a été difficile. Certaines scènes font rire (beaucoup). Les héroïnes sont jouées par les fantastiques Octavia Spencer, Viola Davis et Emma Stone. Notre reproche : l’intrigue crée une nouvelle figure de “sauveuse blanche”, et ce n’est pas un hasard : l’autrice du livre, tout comme le réalisateur et les producteurs… sont blancs.