Mes deux mamans

mes deux mamans album féministe

Album jeunesse écrit par Bernadette Green et illustré par Anna Zobel, 2020, Australie 

Elvi a deux mamans. Mais son copain Nicolas veut savoir : « c’est qui ta VRAIE maman ? » Alors, Elvi répond… ou plutôt pas vraiment ! Sa vraie maman, c’est la brune (sauf qu’elles le sont toutes les 2 !). Ou bien celle qui parle la langue des baleines. Ou encore celle qui adore les spaghettis… 

Attention, choupitude. Mes deux mamans répond avec malice à cette petite phrase trop souvent entendue par les couples homoparentaux… Un très bel album tout en finesse, avec plein de petits détails craquants dans les illustrations. Une véritable ode à l’amour, parue en France grâce aux géniales éditions Talents Hauts.

Sororité

Recueil de textes écrits sous la direction de Chloé Delaume, par Juliette Armanet, Lauren Bastide, Iris Brey, Estelle-Sarah Bulle, Rébecca Chaillon, Jeanne Cherhal, Alice Coffin, Camille Froidevaux-Metterie, Kiyémis, Lola Lafon, Fatima Ouassak, Ovidie, Lydie Salvayre, Maboula Soumahoro, 2021, France 

Réunies par Chloé Delaume, 15 autrices racontent leur vision de la sororité. Lola Lafon parle du lien indéfectible qui l’a unie à 2 autres femmes suite à un viol ; Iris Brey raconte la puissance d’une main tenue ; Ovidie analyse la chanson « Comme des garçons » ; Maboula Soumahoro raconte le soutien de ses sœurs, qui lui a permis de devenir celle qu’elle est aujourd’hui ; Alice Coffin propose une réflexion passionnante sur la sororité à l’épreuve de la politique.

Au total, 15 textes puissants, poétiques, engagés, pédagogiques, amoureux… qui donnent envie de se soutenir toujours davantage entre sœurs, de faire preuve de cette « exigence sororale » que conceptualise Camille Froidevaux-Metterie. Le plus : un livre à petit prix, sorti en poche aux éditions Points (qui inaugurent ainsi leur collection féministe). À garder sur sa table de chevet pour se sentir soutenue et entourée !

Pour prolonger cette lecture, on vous conseille Mes bien chères sœurs de Chloé Delaume, Le génie lesbien d’Alice Coffin, Chavirer de Lola Lafon et Le regard féminin d’Iris Brey.

Les rêveurs

Les rêveurs

Roman autobiographique écrit par Isabelle Carré, 2018, France

Une fille, ses parents, ses frères et des souvenirs vécus ou supposés.

Grandir dans les années 70 et dans une famille peu ordinaire, c’est ce qu’écrit Isabelle Carré. Avec douceur et poésie, elle raconte son enfance, son adolescence et les blessures qui traversent les générations (avec des pages magnifiques sur sa mère). L’écriture est sublime et touchante. Un roman à lire et à offrir.

Les livres de Sayuri

Roman écrit par Lucia Hiratsuka, 2016, Brésil

Sayuri est fille de Japonais installés au Brésil. Elle rêve d’apprendre à lire et à écrire. Mais la Seconde Guerre mondiale éclate et les Japonais sont vus comme des ennemis. Toutes les familles doivent cacher leurs livres et fermer leurs écoles pour ne pas être accusées de collaboration.

Les livres de Sayuri est un roman jeunesse émouvant, une ode à la lecture et à l’éducation, avec une héroïne attachante. Les dessins qui illustrent chaque chapitre sont magnifiques. Un roman qu’on a envie de conseiller à tout le monde !
Autre pays, autre histoire de communauté japonaise hors du Japon, on conseille aux plus grand.e.s d’entre vous le magnifique Certaines n’avaient jamais vu la mer.

La nouvelle

La nouvelle roman

Roman écrit par Cassandra O’Donnell, 2019, France

Quand Haya arrive dans sa classe, Gabriel est intrigué. Qu’est-il arrivé à cette nouvelle camarade de classe venue de Syrie ?

La nouvelle est un roman jeunesse qui traite de sujets actuels : l’acceptation de réfugié.e.s (ici syrien.ne.s) et plus globalement d’immigré.e.s dans la société française. Par le point de vue d’un jeune garçon vivant en Bretagne, un tableau assez réaliste est dressé autour d’une histoire d’amitié et de famille assez classique. Une réussite, à faire découvrir aux jeunes et aux plus grand.e.s.

Pour info, le site de l’éditeur propose une fiche pédagogique pour le lire en classe.

Le tigre des neiges

Le tigre des neiges

Manga écrit et dessiné par Akiko Higashimura, 2015-2020, Japon

1529. La légende dit que l’épouse de Nagao Tamekage, seigneur du château de Kasugayama, aurait vu apparaître en rêve Bishamonten, dieu de la guerre, qui lui aurait demandé d’accueillir sa réincarnation. Mais quelques mois plus tard, ce n’est pas un fils, mais une fille qui naît. En manque d’un héritier digne de ce nom, Nagao Tamekage décide d’élever sa fille comme si elle était un garçon.

Et si le puissant seigneur de guerre japonais Uesugi Kenshin du XVIème siècle avait réellement été une femme ? L’autrice part de nombreuses théories très documentées sur le sujet pour raconter la vie de ce seigneur bien connu de l’histoire japonaise en en faisant une femme. Le résultat ? Un bijou ! La narration est découpée chronologiquement en plein de moments clés qui ont construit et fait la postérité de cette femme. Certaines planches de dessin sont magnifiques et on adore les apartés de l’autrice qui fait ponctuellement des récapitulatifs « simplifiés » de passages historiques, parfois difficiles à comprendre. Un coup de cœur, bientôt un classique de vos étagères.

Nelly Bly – Dans l’antre de la folie

Bande dessinée écrite par Virginie Ollagnier et dessinée par Carole Maurel, 2021, France 

1887, New-York. Dans l’objectif de réaliser une enquête sur les conditions de vie des résidentes, Nelly se fait interner pour 10 jours dans l’asile psychiatrique de Blackwell. Là, elle découvre un univers sombre, des médecins et infirmières violent.e.s, et des « folles » qui sont parfaitement saines d’esprit. 

Pionnière du journalisme d’investigation, Nelly Bly est déterminée à dénoncer les injustices. Dans cette BD, on découvre son enquête engagée à Blackwell, qui a contribué à améliorer les conditions sanitaires des personnes internées car considérées comme « folles » (ce qui est bien souvent très loin de la réalité, sans même parler de l’utilisation de ce terme). On découvre aussi des flashbacks sur l’enfance de Nelly, qui nous permettent de mieux comprendre son engagement. La BD est très agréable à lire, les dessins sont magnifiques, l’atmosphère est envoûtante. Foncez ! 

On n’a pas encore lu 10 jours dans un asile, mais on vous conseille Le tour du monde en 72 jours de Nelly Bly. 

Carole Maurel est aussi l’autrice-dessinatrice de Luisa, ici et là et la dessinatrice d’Ecumes et de Coming in

Ecumes

Bande dessinée écrite par Ingrid Chabbert et dessinée par Carole Maurel, 2017, France

Ingrid et son épouse s’aiment et sont engagées dans un parcours de PMA. Et puis enfin, Ingrid est enceinte. Mais la grossesse est compliquée, elle perd du sang et doit rester couchée. Jusqu’à ce que le pire arrive : la fausse couche. Commence alors un long chemin pour trouver comment aller mieux.

Ecumes, c’est une bande dessinée magnifique et tellement touchante. Elle parle d’amour, de deuil, de reconstruction. Elle met en mots et en image le destin si fréquent (une femme sur 4) et pourtant si tabou de tellement de parents, confrontés à la perte de leur bébé. La mise en couleurs est particulièrement éloquente, avec ce passage en noir et blanc qui évoque le vide et la douleur. A lire absolument.

Carole Maurel a également illustré Luisa, ici et là, Coming in et Nelly Bly, dans l’antre de la folie.

Radium girls

Bande dessinée écrite et dessinée par Cy, 2020, France

Edna, Katherine, Mollie, Albina et Quinta sont ouvrières à l’United State Radium Corporation, une usine qui fabrique des montres. Chaque ouvrière apprend à peindre les cadrans avec une peinture luminescente et la technique du « lip, dip, paint » : lisser le pinceau avec ses lèvres, le tremper dans la peinture, peindre… et recommencer. Mais ce qu’elles ne savent pas, c’est que cette peinture à base de radium est très toxique. Et en ingérer chaque jour les rend malades, l’une après l’autre, inexorablement…

La dessinatrice Cy nous embarque à la rencontre de celles qui se surnomment au départ « Ghost girls », quand elles pensent encore que la peinture est sans danger pour leur santé et s’amusent de son effet luminescent… qui les fait littéralement briller dans le noir. Une très belle mise en lumière de l’histoire vraie de ces femmes et de leur combat pour faire reconnaître la responsabilité de leur entreprise dans leur maladie, dans la lignée des Culottées de Pénélope Bagieu. Cy nous offre une très belle BD, dessinée tout aux crayons de couleur dans un camaïeu de violet et vert radium. Les grandes planches, de la taille d’une page, sont particulièrement magnifiques.

Retrouvez également le talent de Cy en tant qu’illustratrice de la série Ana et l’entremonde.

Paroles d’honneur

Paroles d'honneur

Bande dessinée écrite par Leïla Slimani et dessinée par Laetitia Coryn, 2017, France, Maroc

En 2015, à Rabat, Leïla Slimani fait la rencontre de Nour. Entre femmes, les langues se délient et une longue conversation sur la sexualité (et les droits des femmes) au Maroc s’en suit.

Paroles d’honneur est une BD fleuve, qu’on lit sans s’arrêter. En une centaine de pages et plusieurs témoignages (principalement de femmes), un tableau de la sexualité au Maroc est dressé. Dans un contexte marqué par la sortie du film Much Love, les femmes dénoncent l’hypocrisie de la société marocaine, dans laquelle tout le monde a des relations sexuelles mais où les hommes préfèrent tout de même se marier avec une femme vierge (entre autres exemples). Très intéressant !