Thi Mai 

Long métrage réalisé par Patricia Ferreira, 2018, Espagne, Vietnam

Trois amies pas tout à fait cinquantenaires sont au bout du rouleau : Elvira est mise en pré-retraite (c’est-à-dire virée) de son poste de directrice de banque, Rosa est une éternelle femme au foyer (enfin il faudrait dire “esclave au foyer”) et Carmen apprend le décès de sa fille dans un accident de voiture… Quelques semaines après, Carmen découvre que le processus d’adoption que menait sa fille avant de mourir a abouti : une petite fille l’attend au Vietnam. Voilà donc les 3 amies faisant leurs valises pour partir au bout du monde.

Certes, le scénario est un poil absurde et irréaliste, mais nous sommes ici dans une comédie sans prétention et l’histoire de ces trois copines larguées pour la première fois à l’autre bout du monde est une vraie bulle de fraîcheur ! Amour, amitié, bêtises et découvertes à foison, ce film est une belle façon de montrer que ce n’est pas parce qu’on a 50 ans qu’on doit se priver des plaisirs de la vie ! Un chouette moment.

Polina, danser sa vie 

Long métrage réalisé par Valérie Müller et Angelin Preljocaj (adapté de la BD Polina de Bastien Vivès), 2016, France, Russie

Polina est une jeune danseuse classique russe. Alors qu’elle s’apprête à intégrer le prestigieux ballet du Bolshoï, elle assiste à un ballet contemporain qui la bouleverse. Elle décide alors de tout quitter pour la France… 

Si on préfère ne pas conseiller les œuvres de Bastien Vivès (il a écrit et dessiné une BD pédopornographique), ce film  adapté d’une de ses BD vaut le détour. Les scènes de danse remplissent le film et sont très belles. Il faut dire qu’Anastasia Shevtsova, l’actrice principale, est elle-même danseuse, et que ces scènes ont été orchestrées par le chorégraphe et co-réalisateur Angelin Preljocaj. La trame narrative, elle, est simple et efficace : Polina s’émancipe et choisit de vivre sa vie comme elle l’entend… 

The Magdalene sisters

Long métrage réalisé par Peter Mullan, 2002, Irlande, Royaume-Un

En 1964, plusieurs filles et jeunes femmes sont enfermées dans le couvent des soeurs de Marie-Madeleine, dans les environs de Dublin, car considérées comme pécheresses : Margaret a été violée par son cousin, les garçons tournent autour de Bernadette qui est “trop jolie”, Rose est fille-mère. Pour “sauver leurs âmes”, elles sont contraintes aux travaux forcés. Elles y resteront jusqu’en 1996, subissant violences, humiliations et malnutrition. 

L’histoire s’inspire des “couvents de la Madeleine”, ces congrégations religieuses où plusieurs dizaines de milliers de filles et femmes ont été enfermées entre 1922 et 1996 pour “expier leurs pêchés”. Le film est très complémentaire de Philomena, mais est beaucoup plus violent. La réalité dépeinte est cauchemardesque, les seuls moments positifs sont des moments de sororité entre les jeunes femmes enfermées. 

La couleur des sentiments

Long métrage réalisé par Tate Taylor (d’après le roman éponyme de Kathryn Stockett), 2011, États-Unis

Au début des années 60, Skeeter, une jeune blanche, vient de terminer ses études de journalisme. Elle rentre dans sa famille dans le Mississipi. Elle découvre que la bonne noire, au service de ses parents depuis qu’elle était enfant, a été renvoyée. Elle rencontre aussi Aibileen et Minny, les domestiques de 2 voisines. Skeeter décide d’enquêter sur les conditions de travail de ces domestiques noires et de leur donner la parole. 

La couleur des sentiments est un film plein d’humanité et plaisant à regarder, qui a le mérite de dépeindre avec justesse les relations de domination des personnes blanches sur les personnes noires et de rappeler que la lutte pour les droits civiques aux États-Unis a été difficile. Certaines scènes font rire (beaucoup). Les héroïnes sont jouées par les fantastiques Octavia Spencer, Viola Davis et Emma Stone. Notre reproche : l’intrigue crée une nouvelle figure de “sauveuse blanche”, et ce n’est pas un hasard : l’autrice du livre, tout comme le réalisateur et les producteurs… sont blancs. 

Potiche

Long métrage réalisé par François Ozon, 2010, France

1977, dans une petite ville française du Nord. Le très misogyne et réactionnaire monsieur Pujol dirige l’usine Pujol-Michonneau… et se montre pour le moins désagréable avec ses ouvriers comme avec son épouse et ses enfants. Poussés par le député-maire communiste, les ouvriers se mettent en grève… et séquestrent le patron, qui fait une attaque cardiaque. Madame Pujol va alors prendre la tête de l’entreprise.

Une comédie française surprenante mais pas déplaisante, avec Catherine Deneuve en “potiche” qui prend les rênes de l’entreprise familiale… et qui aime ça ! Bon, il ne faut pas non plus s’attendre à un manifeste féministe (la sororité, notamment n’est pas toujours au rendez-vous), et passez votre chemin si vous êtes allergique à Depardieu !  

Battle of the sexes 

Long métrage réalisé par Jonathan Dayton et Valerie Faris, 2017, États-Unis, Royaume-Uni

En 1972, la joueuse de tennis Billie Jean King est classée numéro 1 mondiale. Exaspérée par les différences de primes versées aux joueuses et aux joueurs, elle fonde avec 8 autres joueuses la Women’s Tennis Association. Dans le même temps, Bobby Riggs, numéro 1 mondial dans les années 40, misogyne et provocateur, lui propose de l’affronter lors d’un match opposant machisme et féminisme. Et au passage, Billie Jean King découvre le lesbianisme… 

Mais pourquoi ne parle-t-on pas plus de Billie Jean King et de ce match historique pour l’égalité salariale dans le monde du tennis ? Le film a vraiment le mérite de nous faire découvrir cette histoire, qui paraît plus actuelle que jamais : droits des femmes, égalité professionnelle, droits et visibilité des lesbiennes… tout est là ! Les actrices, dont Emma Stone, sont excellentes : on s’y croit ! Jonathan Dayton et Valerie Faris ont également réalisé Little Miss Sunshine.

Les suffragettes

Long métrage réalisé par Sarah Gavron, 2015, Royaume-Uni

Au début du XXème siècle, des femmes issues de classes sociales variées unissent leurs forces pour obtenir le droit de vote. Parmi elles, Maud Watts, blanchisseuse, qui découvre un peu par hasard leurs actions militantes. Ensemble, elles organisent des actions pacifiques, puis de plus en plus violentes. 

Le film s’intéresse aux dernières années de lutte pour l’obtention du droit de vote au Royaume-Uni. Il met en scène des personnages fictifs, celui de Maud Watts par exemple, et des personnages historiques comme Emmeline Pankhurst, une des fondatrices du mouvement. Aucun film de fiction ne s’était intéressé à cette période cruciale de l’histoire, qu’on connaît souvent mal, ou avec plein de stéréotypes en tête. La lutte de ces héroïnes mérite pourtant vraiment d’être racontée ! Un point négatif : le film a été accusé de blanchiser la lutte, en ne faisant par exemple pas apparaître les nombreuses femmes indiennes actives dans le mouvement suffragiste. 

Et pour un autre film avec l’actrice Carey Mulligan, on vous conseille Promising Young Woman.

Philomena

Long métrage réalisé par Stephen Frears, 2013, Royaume-Uni, États-Unis, France, Irlande 

En 1952, Philomena est enfermée dans une abbaye de Roscrea, en Irlande, car “fille-mère”. Elle accouche d’un petit garçon, dont elle s’occupe pendant 3 ans tout en accomplissant des tâches domestiques forcées dans l’abbaye. Jusqu’au jour où le petit garçon est emmené par une famille adoptante… 50 ans plus tard, Philomena raconte pour la première fois cette histoire à sa fille, qui la met en relation avec un journaliste. Avec l’aide de celui-ci, Philomena part à la recherche de son fils. 

Philomena suit le tandem en quête de ce fils disparu, s’inspirant des “couvents de la Madeleine” où plusieurs dizaines de milliers de filles et femmes ont été enfermées entre 1922 et 1996, car considérées comme pécheresses (comprendre : victimes de viols et/ou filles-mères). Le film est d’ailleurs très complémentaire de The Magdalene sisters, en beaucoup moins noir. Judy Dench interprète avec justesse l’héroïne, l’émotion est palpable du début à la fin. 

Embrasse-moi !

Long métrage réalisé par Océane-Rose-Marie et Cyprien Vial, 2017, France

Océanerosemarie enchaîne les relations, et donc les ex-petites amies. Elle rencontre Cécile, c’est le coup de foudre… mais Cécile ne partage pas vraiment ce coup de foudre. 

Une comédie romantique avec un couple de femmes et plein d’autres lesbiennes parmi les personnages, forcément, on se précipite ! Alors certes, la visibilité est là. Mais la réappropriation des codes du genre est poussée à l’extrême : Océanerosemarie joue finalement le rôle du “mec relou”, elle est souvent à la limite du harcèlement avec Cécile, entre espionnage et filature. On était un peu mal à l’aise… 

La fille de Brest

Long métrage réalisé par Emmanuelle Bercot, 2016, France

Adapté du livre Mediator 150 mg : combien de morts ?, le film retrace la lutte de la pneumologue Irène Frachon contre les laboratoires Servier, pour révéler ce qui deviendra “l’affaire Mediator”. 

Un film d’intérêt public pour mieux comprendre cette affaire et le poids de l’industrie pharmaceutique, parfois au détriment de la santé. Une enquête de 3 ans, associant Irène Frachon, a précédé le tournage. Le film est d’ailleurs très centré sur son personnage, donnant un côté très intimiste au film. Elle est jouée par l’excellente Sidse Babett Knudsen, déjà vue dans Borgen