Les saveurs du palais

Long métrage réalisé par Christian Vincent, 2012, France

Hortense Laborie est une cuisinière réputée. Un jour, on vient la chercher dans son Périgord pour l’emmener à Paris… où on lui propose le poste de cuisinière personnelle du Président de la République.

Les saveurs du palais est un film inspiré librement de l’expérience de Danièle Mazet-Delpeuch, ancienne cuisinière (et première femme à ce poste !) du président de la République française François Mitterrand de 1988 à 1990. C’est une vision inédite du palais de l’Elysée qui est proposée dans ce film, qui montre les coulisses et le fait d’avoir un poste à responsabilité en tant que femme dans ces coulisses. Hortense est confrontée non seulement au protocole (qu’elle arrive à outrepasser au fil des semaines) mais également au machisme du reste de l’équipe de cuisine, composée uniquement d’hommes. Un film sympathique.

Les délices de Tokyo

Long métrage réalisé par Naomi Kawase, 2015, Japon, d’après le roman du même nom écrit par Durian Sukegawa

Sentaro est un vendeur de dorayakis, ces gâteaux japonais moelleux avec de la pâte de haricot rouge au milieu. Un jour, Tokue, une femme de plus de 70 ans qui fait une pâte de haricot rouge exquise, lui demande de l’embaucher.

Les délices de Tokyo dépeint la relation peu courante entre 3 personnages de générations différentes : une vieille femme, un homme et une collégienne, et leur relation à ces dorayakis. C’est peu souvent qu’on a l’occasion de voir des femmes de cet âge au cinéma et le personnage de Tokue est particulièrement touchant et attachant. Le film aborde également la question de la solitude des personnages, pour plein de raisons différentes, notamment celle de l’exclusion sociale face à la maladie (nous n’en disons pas plus pour ne pas vous spoiler !).

Enola Holmes

Long métrage réalisé par Harry Bradbeer, 2020, Royaume-Uni, Etats-Unis

Enola, 16 ans, vit des jours paisibles dans la campagne anglaise avec sa mère Eudoria, qui l’éduque elle-même. Au programme : tennis, auto-défense, lectures et sciences (explosives !). Quand Eudoria disparait, Enola se met à sa recherche, échappant à la surveillance de ses deux frères Mycroft et Sherlock Holmes et sauvant au passage un jeune lord fugueur…

Vous connaissez sûrement Sherlock Holmes et Mycroft, son frère-meilleur ennemi. Mais connaissez-vous la petite sœur de la famille ? Enola Holmes est une jeune femme débrouillarde et futée qui nous embarque dans une chouette aventure. Certains partis pris (de scénario, de personnalité des personnages, de choix d’acteurs et actrices secondaires racisé.e.s…) sont dans l’air du temps : on aime par exemple le duo formé par Enola, débrouillarde, qui sait se battre et ne se laisse pas marcher sur les pieds, et le personnage du Lord, jeune homme un peu poète à sauver, qu’on voit pleurer. Le récit accorde également une belle place à la relation de l’héroïne avec sa mère, jouée par Helena Bonham Carter (aussi aperçue dans Les Suffragettes). Peu de surprises, mais une belle découverte à regarder en famille.

Mignonnes

Long métrage de Maïmouna Doucouré, France, 2020

Amy, 11 ans, vit avec sa mère et ses deux petits frères. Le père est absent, et on apprend bientôt qu’il prépare son mariage avec une seconde épouse, qu’il compte ramener du Sénégal. Quand elle rencontre Angelica, une collégienne du même âge qu’elle, Amy est fascinée : elle aussi elle veut danser, adopter des poses suggestives, participer au concours de danse avec Angelica et ses amies…

Maïmouna Doucouré s’attaque dans ce film à l’hypersexualisation des petites filles : facteur d’émancipation féminine ou nouvelle forme d’oppression ? Elle évoque cette période charnière de l’adolescence, où des fillettes (jouées par de jeunes actrices formidables, il faut le dire !) veulent s’émanciper, accéder à la liberté, et agissent de manière quasi schizophrénique : elles jouent à manger le plus de bonbons possible dans une scène… et se trémoussent à moitié nues dans la suivante.

La manière de filmer reflète également ces deux facettes : on passe de scènes intimistes, au plus près des émotions des personnages… à des scènes où la caméra se fait voyeuriste, filmant des parties fragmentées de leurs corps de petites filles en gros plan (voir notre article sur le « male gaze”), accompagné d’une musique très forte qui accentue le caractère insupportable des scènes. Le film montre d’ailleurs les réactions des spectateurs face aux jeunes filles : certaines détournent les yeux (les femmes surtout) quand d’autres apprécient (sans surprise, surtout des hommes). Alors oui, on peut s’interroger sur le fait de produire des images supplémentaires de type pédopornographique. Maïmouna Doucouré assume son choix : elle veut choquer pour provoquer une réaction. On pense aussi à la communication désastreuse de Netflix autour du film lors de sa sortie, qui a provoqué une vague d’insultes contre la réalisatrice… A quand une colère dirigée plutôt contre le système patriarcal qui permet cette hypersexualisation des petites filles ?

Pour une autre histoire (bien différente) d’hypersexualisation des petites filles, traversez l’Atlantique pour découvrir Little Miss Sunshine.

Marie-Antoinette

Long métrage réalisé par Sofia Coppola, 2006, Etats-Unis, France

Marie-Antoinette, archiduchesse encore adolescente, quitte son Autriche natale pour être mariée au futur roi de France, Louis XVI. Une fois à Versailles, elle s’entend difficilement avec son mari et se réfugie dans l’oisiveté et la frivolité de la cour.

Marie-Antoinette est un film déstabilisant. On aime qu’une des reines les plus connues de France et peu valorisée de manière positive soit au cœur d’un film grand public. Cependant, la réalisatrice joue avec les codes (notamment historiques) et prend le partie de centrer son récit sur la frivolité et futilité de ses occupations quotidiennes, alors que c’est justement déjà pour ça que cette reine française est connue (et décriée). Le film est beau, plein de couleurs pop, la bande son est géniale et totalement anachronique (et c’est assumé), l’actrice principale Kirsten Dunst (déjà vue chez Sofia Coppola dans Virgin Suicides) illumine le film. On aime ou pas.

Virgin Suicides

Virgin Suicides

Long métrage réalisé par Sofia Coppola, 1999, Etats-Unis

Années 70. Dans une ville américaine tranquille, Cecilia, une adolescente de 13 ans tente de se suicider. Incompréhension des parents et rumeurs dans la ville s’ensuivent, et les parents finissent à interdire toute sortie non nécessaire aux cinq sœurs de la famille.

Premier long métrage de la réalisatrice Sofia Coppola (qui a aussi réalisé le film Marie-Antoinette), Virgin Suicides ne laisse pas indifférent.e. Certes, l’histoire est raconté par des hommes, anciens amis et amoureux des sœurs. Mais malgré cette tentative de point de vue masculin, les spectatrices et spectateurs sont directement plongé.e.s dans le quotidien et l’intimité de ces cinq sœurs. Le film retranscrit magnifiquement bien la mélancolie de l’adolescence et toutes les difficultés à être une jeune femme de cette âge. Même si le film aborde un sujet douloureux et mérite un avertissement avant de le regarder, ça reste un classique des années 90.

Autre pays, autres sœurs, on vous recommande le film Mustang.

Victoria, les jeunes années d’une reine

Long métrage réalisé par Jean-Marc Vallée, Royaume-Uni, 2009

Elevée par sa mère qui la surprotège, la jeune Victoria grandit isolée. A l’aube de ses 18 ans et de son accession au trône, son entourage multiplie les projets matrimoniaux aux objectifs très politiques. L’un de ses prétendants, Albert, lui plait plus que les autres… 

Avec une durée de 63 ans et sept mois, le règne de la reine Victoria est le deuxième plus long de toute l’histoire du Royaume-Uni après celui d’Élisabeth II (qu’on découvre dans la série The Crown). Ce film retrace ses jeunes années, depuis la fin de son adolescence à son mariage, en passant par son couronnement. Intrigues et complot, romance et émancipation sont au programme de ce film, qui finalement s’attarde beaucoup sur les réalisations communes de Victoria (la convaincante Emily Blunt) et de son époux. Mais si vous aimez les films historiques et les histoires d’amour, foncez ! 

A noter : Jean-Marc Vallée a aussi réalisé la série Big Little Lies et le film Wild.

Margarita with a straw

Long métrage réalisé par Shonali Bose, Inde, 2014

Laila est lycéenne, elle étudie à l’université de Delhi. Elle est atteinte d’infirmité motrice cérébrale, ce qui ne l’empêche pas d’écrire, notamment des chansons pour le groupe de musique dont elle fait partie. Un jour, elle apprend qu’elle a obtenu une bourse pour partir étudier à New-York ! Malgré les réticences de son père, elle traverse la planète et s’y installe, accompagnée de sa mère. Là, elle rencontre Jared, un étudiant chargé de l’aider pendant les cours d’écriture créative, et Khanum, une jeune femme non-voyante dont elle tombe amoureuse… 

Margarita with a straw, c’est un très chouette film qui aborde plein de sujets différents : le handicap et les problématiques d’accessibilité, l’exil et l’intégration dans un nouveau pays, la bisexualité et le coming out, la maladie et le deuil, l’acceptation de soi… A noter : la réalisatrice Shonali Bose est elle-même bisexuelle. On a quand même regretté que les 2 héroïnes ne soient pas jouées par des femmes en situation de handicap, même si on salue la performance des actrices valides qui jouent leurs rôles.

La bonne épouse

Long métrage réalisé par Martin Provost, France, 2020

En 1967, Paulette Van Der Beck dirige avec ardeur son école ménagère à destination des jeunes filles de la région. Elle est assistée de sa belle-soeur professeure de cuisine et d’une religieuse. Quand le mari de Paulette décède, elle découvre que l’école souffre de dettes… Dans le même temps, les nouvelles jeunes filles accueillies dans l’école ont envie de liberté !

L’émancipation des femmes est au programme de ce film très drôle qui évoque mai 68. Certes, ce n’est pas le film de l’année, mais le scénario est bien trouvé, les acteurs et actrices convaincant.e.s dans leurs rôles (Juliette Binoche, Yolande Moreau et Noémie Lvovsky sont excellentes) : on passe clairement un bon moment ! 

Martin Provost a aussi réalisé Séraphine, et pour série qui se passe dans les mêmes années, on vous conseille chaudement Mixte.

Comme des garçons

Long métrage réalisé par Julien Hallard, France, 2018

En 1969 à Reims, Paul Coutard est journaliste sportif au quotidien Le Champenois. Pour provoquer son directeur, ce séducteur décide d’organiser un match de football féminin pour la kermesse annuelle du journal, aidé de la secrétaire de rédaction (et footballeuse !) Emmanuelle Bruno. 

Mais pourquoi ce film, au synopsis attractif et inspiré de l’histoire vraie de l’équipe féminine de Reims, n’est pas resté plus près de la réalité ? Pourquoi changer les noms des pionnières du football féminin déjà invisibilisées, plutôt que de choisir de valoriser le matrimoine ? Au final, un film potache (mais pas vraiment drôle) dont l’objectif semble surtout de mettre en lumière Max Boublil, des personnages féminins qui restent hyper stéréotypés et n’ont pas vraiment leur mot à dire sur quoi que ce soit, et un manque cruel de sororité… Bref, on a été déçues !