Princesse princesse

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Bande dessinée jeunesse écrite et illustrée par Kay O’Neill, 2020, Nouvelle-Zélande

La princesse Sadie est prisonnière dans une tour et attend d’être libérée par un prince… mais ils échouent tous ! C’est alors que la princesse Amira arrive…

Une BD certes assez peu subtile à notre avis, mais qui a le grand mérite de transposer un conte traditionnel en conte lesbien ! On aime aussi les dessins punchy de K. O’Neill, qui a également écrit un album jeunesse qu’on adore : Le cercle du dragon-thé.

Ne m’oublie pas

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Roman graphique écrit et illustré par Alix Garin, Belgique, 2021

La grand-mère de Clémence, qui souffre de la maladie d’Alzheimer, a encore fugué de sa maison de retraite… Face à cette situation, la décision est prise : des médicaments lui seront administrés pour la « calmer ». Clémence décide alors d’enlever sa grand-mère et de l’amener jusqu’à sa maison d’enfance…

Quel coup de cœur ! Ce roman graphique, qui prend la forme d’un road trip intergénérationnel, est plein d’émotions et de délicatesse. Il aborde des thèmes importants : la vieillesse, la maladie, l’oubli, le temps qui passe… et puis l’amour. Le tout porté par les couleurs et lignes toutes douces des dessins d’Alix Garin. Une autrice à suivre !

Blanc autour

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Bande dessinée écrite par Wilfrid Lupano et illustrée par Stéphane Fert, 2021, France

En 1832, dans une petite ville du Connecticut, une institutrice décide d’accueillir une petite fille noire dans sa classe. Aussitôt, la population blanche locale est scandalisée, imaginant les pires insurrections si les enfants noir.e.s accèdent à l’éducation… La décision est prise : les filles seront retirées de l’école si l’institutrice persiste ! Sauf que celle-ci les prend au mot… et décide de n’accueillir que des filles noires.

Cette BD raconte l’histoire inspirante de Prudence Crandall, l’institutrice, et de ses élèves : Sarah et Mary Harris, Mary Miles, Julia Williams, Eliza Glasko, Theodosia DeGrasse, Gloriana Catherine Marshall et Ann Eliza Hammond. On a d’ailleurs beaucoup aimé que la BD se termine par une postface contenant leurs biographies, par la conservatrice du musée Prudence Crandall à Canterbury. Une histoire méconnue de sororité et de solidarité, contre le racisme de la société américaine du XIXème siècle.

La dictature des petites couettes

Album jeunesse écrit et illustré par Ilya Green, 2014, France

Olga, Sophie et Ana organisent un concours de beauté… Mais quand Gabriel et le chat demandent à y participer, elles refusent d’abord : ni un garçon, ni un chat ne peuvent être beaux ! Mais selon quels critères ?

Faut-il avoir des couettes et une belle robe étoilée pour être beau ou belle ? Et puis finalement, qui décide des critères de beauté ? On a particulièrement adoré la chute de La dictature des petites couettes, quand les enfants (et le chat !) défilent devant une assemblée de fourmis qui les trouve bien trop grand.e.s et coloré.e.s pour être joli.e.s ! Une histoire amusante qui évoque intelligemment les stéréotypes de genre et les diktats de la mode.

L’adoption internationale, mythes et réalités

Essai écrit par Joohee Bourgain, 2021, France

Dans cet essai important, Joohee Bourgain témoigne de son expérience d’adoptée sud-coréenne et détricote les idées reçues sur l’adoption internationale. Geste d’amour, qui permettrait de « sauver » un « orphelin.e » ou un.e enfant voué.e à la misère ?

Pour en finir avec ces mythes coloniaux, l’autrice analyse finement les pratiques et enjeux internationaux, en montrant notamment les rapports de pouvoir asymétriques entre pays dits « du nord » (adoptants) et pays dits « du sud » (d’où proviennent les adopté.e.s). Une perspective antiraciste, décoloniale, féministe et anticapitaliste permettant d’ouvrir les yeux sur un système qui provoque des ruptures avec les familles et pays d’origine, normalise le modèle occidental de la famille et ouvre la porte aux dérives (trafics d’enfants).

Children of Blood and Bone

Children of blood and bone De sang et de rage roman fantastique afrique

Série de romans écrite par Tomi Adeyemi, depuis 2019, Etats-Unis, Nigéria

Depuis que la magie a disparu des terres d’Orïsha, les majis, êtres anciennement dotés de pouvoirs des dieux, vivent persécutés par l’armée royale. Parmi elles et eux, Zélie, jeune femme aventureuse, vit avec son frère Tzain et son père. Mais quand un mystérieux parchemin magique se retrouve entre les mains du roi, Zélie se voit confier une mission de la plus haute importance : ramener la magie et libérer son peuple.

Voilà qui est intéressant : un univers jeune adulte fantastique inspiré de mythologies africaines (et notamment nigérianes) ! Les quatre personnages de départ sont plutôt convaincants, à la fois forts et marqués par divers traumatismes dévoilés au fil du récit, même si rapidement l’histoire suit des chemins assez classiques (amourettes qu’on devine à des kilomètres, une des deux héroïnes qui n’exploite pas vraiment ses capacités alors que lorsqu’on fait sa connaissance, elle est éblouissante, etc.). Heureusement, la fin du premier tome est surprenante, l’ensemble tient tout de même en haleine et on a bien aimé le changement régulier de narratrices et narrateur qui oscille entre 3 des 4 personnages principaux.

Pour un autre roman fantastique pour ados en Afrique, on vous conseille aussi Nos jours brûlés.

Le restaurant de l’amour retrouvé

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Roman écrit par Ogawa Ito, 2015, Japon

Suite à une rupture amoureuse imprévue, Rinco, 25 ans, perd tout : son appartement, ses biens et même sa voix. Elle décide alors de rentrer chez sa mère qu’elle n’a pas vue depuis de nombreuses années. Là-bas, elle se lance dans l’ouverture d’un restaurant.

Le restaurant de l’amour retrouvé raconte la fabuleuse renaissance d’une héroïne ordinaire. Comme souvent chez Ogawa Ito (déjà autrice de La papeterie Tsubaki, La République du bonheur ainsi que du Jardin arc-en-ciel), la poésie et la nourriture prennent une place non négligeable dans le récit, et on adore. Ce roman est également une belle histoire de famille, de réconciliation entre une fille et sa mère, que l’héroïne apprend à redécouvrir avec son regard d’adulte.

Hilda et la princesse

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Album jeunesse écrit et dessiné par Eva Rust, 2019, Allemagne

Hilda est une jeune sorcière qui vit dans la forêt. Elle tient à sa tranquillité et n’hésite pas à effrayer tous les princes qui tenteraient d’y entrer. Alors quand une princesse est enfermée dans la tour pas loin de chez elle, ça ne lui plait pas du tout.

Hilda et la princesse réinvente les traditionnels contes avec des princesses à délivrer de manière intelligente. On a adoré cette histoire qui revisite plusieurs contes (Mélusine, Raiponce) et la multitude de détails qui se cachent dans les dessins (on ne sait plus très bien si nous sommes au Moyen-Âge ou en plein XXIème siècle !). Les deux héroïnes sont attachantes et prennent leurs vies en main, devenant amies… ou même un peu plus ! En plus, les dessins sont très beaux !

La suite, Hilda et Mélusine trouvent un œuf, est tout autant réussie !

Alicia, Prima ballerina assoluta

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Bande dessinée écrite par Eileen Hofer et dessinée par Mayalen Goust, 2021, France, Cuba

Amanda habite à La Havane et rêve de devenir ballerine. Son modèle, et celui de nombreuses femmes du pays : marcher (danser !) dans les pas de Alicia Alonso.

On s’attendait à l’origine à une biographie de la fameuse Alicia Alonso, danseuse, chorégraphe et fondatrice Ballet national de Cuba en 1948. En fait, il s’agit de regards croisés de plusieurs femmes, dont celui d’Alicia Alonso, sur cette figure du ballet, qui racontent en creux l’histoire de la démocratisation de la danse classique à Cuba. Inattendu mais intéressant quand même.

Séraphine

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Roman écrit par Marie Desplechin, 2005, France

Séraphine, 13 ans, est orpheline. Recueillie par le Père Sarrault, confiée à la couturière Jeanne, visitée par sa tante Charlotte, Séraphine rêve d’un autre métier et d’émancipation. Quel nouveau gagne-pain Sainte Rita pourra-t-elle trouver pour Séraphine sur la butte Montmartre ?

Dans Séraphine, l’autrice explore la vie d’une jeune fille dans un quartier pauvre de Paris à la fin du XIXème siècle. Marie Desplechin nous raconte un Montmartre marqué par la Commune de Paris tenue une dizaine d’années plus tôt, par la construction du Sacré Cœur et par l’émergence de nouvelles idées politiques, à travers les yeux d’une héroïne qui sort de l’enfance et ne manque pas de témérité !

Même époque, même ville, mais quartier différent, découvrez également Lucie dans Satin grenadine (dont sont issus plusieurs personnages secondaires de Séraphine). Et bonne nouvelle, le roman est en cours d’adaptation pour le cinéma !