Térébenthine

Roman écrit par Carole Fives, France, 2020

Dans les années 2000, la narratrice s’inscrit aux Beaux-Arts de Lille. Elle rêve de devenir artiste peintre. Elle rencontre Luc et Lucie, qui rêvent également de peinture alors que leurs professeurs passent leur temps à les décourager de peindre, à encourager “la performance”. 

Carole Fives nous embarque dans les sous-sols des Beaux-Arts, dans l’intimité créatrice de ses trois personnages méprisés par leurs camarades et professeurs, unis dans une passion commune parfois destructrice. Dans ce roman inspiré de sa vie, écrit à la deuxième personne du singulier (ce qui peut dérouter), elle évoque aussi avec force l’invisibilisation des femmes artistes, et invoque leurs noms pour inverser le machisme ambiant. 

Le cercle du dragon-thé

le cercle du dragon thé

Bande dessinée écrite et illustrée par Katie O’Neill, Nouvelle-Zélande, 2020

Greta est apprentie forgeronne auprès de sa maman. Un jour, elle découvre un petit dragon perdu, et décide de le ramener chez lui. Elle rencontre alors Hesekiel, qui lui propose de l’initier au soin des “dragons-thé”…

Cette BD coup de coeur est un conte peuplé de personnages attachant.e.s. Saison après saison, on suit les aventures de Greta qui apprend à fabriquer le thé grâce à Hesekiel et Erik. Elle rencontre aussi Minette, avec qui elle se lie d’amitié… En toile de fond, il y a une histoire d’amour entre deux hommes, dont l’un des deux est en situation de handicap… et peut-être même les prémices d’une histoire lesbienne ! Bref, une BD fantasy aux couleurs toutes douces, inclusive, bienveillante et super adorable !

La république du bonheur

Roman écrit par Ito Ogawa, Japon, 2020

Hatoko vient d’épouser Mitsurô et découvre progressivement la vie de famille, avec son mari et sa petite fille surnommée QP. Elle tient une papeterie et occupe aussi la position d’écrivaine publique, qui lui permet de belles rencontres avec des client.e.s venu.e.s lui demander de rédiger des courriers. 

L’autrice du Jardin arc-en-ciel et du Restaurant de l’amour retrouvé raconte de nouveau une histoire de vie joyeuse, sur un temps plus court cette fois-ci. Il s’agit de la suite de La papeterie Tsubaki (mais il peut se lire seul aussi !). Comme dans d’autres romans japonais, le temps est comme suspendu dans ce récit où il ne se passe finalement pas grand chose ! Mais c’est aussi ce qu’on aime, cette quiétude, cette succession de petits événements du quotidien qui nous rappellent qu’une vie simple est aussi une vie heureuse. Un roman tout doux, ponctué des illustrations des lettres calligraphiées par Hatoko. 

Pour une autre histoire mettant en scène une écrivaine publique, on vous conseille Les Victorieuses.

Maïana

Maiana

Bande dessinée écrite par Carbone et dessinée par Pauline Berdal, 2019, France

Maïana est une jeune fille métisse. Peu de temps avant Noël, elle trouve chez elle un curieux calendrier de l’Avent à son nom. Qui a pu lui offrir ce cadeau ?

Maïana est une bande dessinée très belle, avec des couleurs chaleureuses et des personnages intéressants. Des thèmes classiques sont abordés (amitié, première histoire d’amour, vie en famille) et d’autres moins classiques (être une petite fille métisse élevée par sa mère blanche et son beau père). Certes, c’est un peu mielleux, mais nous sommes tout de même curieuses de savoir la suite.

Carbone, la scénariste, est également autrice de la bande dessinée Dans les yeux de Lya.

Pucelle

Pucelle BD

Bande dessinée écrite et dessinée par Florence Dupré la Tour, 2020, France

Depuis toute petite, Florence se pose des questions sur ce qu’il y a « en bas », sous la ceinture… selon les interlocuteurs et les situations, les réponses qu’elle trouve sont évasives ou effrayantes.

Pucelle est une bande dessinée très émouvante qui raconte tout le tabou autour de la sexualité et du sexe des femmes. Le point de vue est celui de Florence, alors petite fille, mais les attitudes des différentes personnes (adultes) de la famille sont aussi saisissantes. Il faut noter que la petite fille évolue dans une micro-société très restreinte, marqué par la foi, composante très prenante dans la BD. On a hâte de découvrir le deuxième tome !

La petite dernière

Roman écrit par Fatima Daas, France, 2020

« Je m’appelle Fatima », c’est ainsi que commence chaque chapitre de ce premier roman-monologue, partiellement autobiographique. Fatima Daas égrène toutes ses identités, de femme, de Française d’origine algérienne, de Clichoise, etc. Un roman au rythme particulier, assez envoûtant, d’une femme qui assume aussi ses contradictions et son inadaptation au monde. Musulmane, sa foi est un fil rouge du roman, et elle nous invite à partager ses prières avec elle. Lesbienne, aussi, elle le dit entre les lignes… tout en ne trouvant pas vraiment ça bien, tout en assumant une certaine homophobie intériorisée, une identité « pêcheresse ». Bref, un roman pas banal, qui percute, et qu’on conseille !

Mes ancêtres les Gauloises – Une autobiographie de la France

Essai écrit par Elise Thiébaut, France, 2019

A l’heure de certaines inepties prononcées par des intellectuels racistes et masculinistes (qui parlent de « grand remplacement », de « Français de souche » et de « menace féministe »), Elise Thiébaut propose une autobiographie unique en son genre, au prisme de ses ancêtres, notamment les femmes. Elle y interroge son identité et celle de la France, à travers tests ADN, recherches généalogiques et archivistiques. Un essai passionnant quand on s’intéresse de près ou de loin à l’Histoire, au féminisme et au colonialisme, facile à lire, écrit avec un ton incisif et souvent plein d’ironie !

Elise Thiébault a également écrit L’amazone verte.

Lait et miel

Recueil de poèmes écrits par Rupi Kaur, Canada, 2014

voici le voyage de
la survie par la poésie
voici le sang la sueur les larmes
de mes vingt et un ans
voici mon cœur
entre tes mains
voici
la douleur
l’amour
la rupture
la guérison
– rupi kaur –

La poétesse, artiste et militante Rupi Kaur a publié en 2014 cette anthologie de poèmes, initialement postés sur les réseaux sociaux. Une œuvre résolument féministe, qui aborde frontalement des sujets sensibles, expériences tirées de son vécu de femme : violences sexuelles, éducation des filles, inégalités au sein du couple… Elle accompagne certains poèmes de dessins touchants, qui rendent palpables ces expériences de femmes. A noter : Sabine Rolland a remarquablement traduit les poèmes de l’autrice en français, les rendant accessibles aux non-anglophones.

Affamée – Une histoire de mon corps

Essai écrit par Roxane Gay, Etats-Unis, 2019

A 12 ans, Roxane Gay est victime d’un viol collectif, organisé par celui qu’elle croit être son petit ami. Pour survivre, elle se met à manger, tout le temps, pour transformer son corps et l’ériger en forteresse inatteignable des hommes. Elle raconte comment elle a souhaité disparaitre, et en même temps comment ce corps transformé est devenu l’objet des critiques permanentes de son entourage, du monde médical et même de parfaits inconnus.

Après Bad Feminist, Roxane Gay revient cette fois sur son parcours personnel. Elle raconte l’histoire de son corps, à partir de laquelle elle analyse le rapport de notre société avec la grosseur : incompréhension, préjugés, dégoût, haine… Un livre important qui rappelle que le combat contre la grossophobie est plus que jamais d’actualité.

Sur ce sujet, on vous conseille aussi l’essai de l’autrice française Gabrielle Deydier : On ne naît pas grosse.

Les couilles sur la table

les couilles sur la table

Essai écrit par Victoire Tuaillon, France, 2019

Pourquoi, dans une écrasante majorité, les harceleurs, agresseurs et violeurs sont des hommes ? Pourquoi, après des décennies de féminisme, les femmes sont toujours soumises à la charge mentale, aux violences, à la domination masculine ?

Pour répondre à toutes ces questions, Victoire Tuaillon anime depuis 2017 un excellent podcast : « Les couilles sur la table ». En 2019, elle a synthétisé dans ce livre l’ensemble des sujets abordés dans le podcast, avec toujours cet angle particulier : la construction de la masculinité et ses conséquences. Un point de vue qui renouvelle la manière d’aborder les inégalités entre femmes et hommes : parce que s’il y a du sexisme, c’est bien qu’il vient de quelque part ! Les couilles sur la table est un livre très accessible et efficace, découpé en grands chapitres thématiques qui s’appuient sur les travaux de dizaines de chercheurs et chercheuses. A lire et à faire lire, notamment aux hommes de votre entourage qui s’intéressent aux questions féministes !