Kim Jiyoung, née en 1982

Kim jiyoung née en 1982

Roman écrit par Cho Nam-joo, 2016, Corée du Sud

Kim Jiyoung, trentenaire et mère d’un enfant en bas-âge, se réveille un jour et parle comme si elle était une autre femme. Les jours suivant, elle empruntera d’autres comportements et d’autres voix de femmes d’elle a connues. Que s’est-il passé ? Pour comprendre, il faut remonter le temps.

A travers plusieurs chapitres découpés par périodes chronologiques, la vie de Kim Jiyoung est déroulée : son enfance au sein d’une famille peu favorisée coincée entre sa grande sœur et son petit frère, roi de la maison, son adolescence et les premiers questionnements sur le monde qui l’entoure, sa vie étudiante, ses galères de jeune femme diplômée arrivant sur le marché du travail encore largement dominé par les hommes, et puis sa vie d’épouse. Le fil rouge dans tout ça : sa réflexion et sa compréhension progressive de la société patriarcale dans laquelle elle se trouve coincée. Il y a parfois des choses qui clochent, qu’elle ne trouve pas normales, qu’elle accumule, jusqu’à craquer. Le court chapitre final, raconté cette fois-ci du point de vue d’un homme, est une illustration ironique et par-fai-te de l’incompréhension et de l’impossibilité des hommes d’imaginer ce que peuvent vivre les femmes. Pour un premier roman, c’est une vraie réussite !

Grand succès en Corée du Sud, le roman a déjà été adapté en film.

Adieu, mon utérus

Adieu mon uterus

Manga autobiographique écrit et dessiné par Yuki Okada, 2013, Japon

Yuki, autrice de manga de 33 ans, apprend qu’elle a un cancer du col de l’utérus et qu’elle va être opérée. Du diagnostic à la sortie de l’hôpital, on la suit dans son aventure.

Adieu, mon utérus est une belle histoire d’une femme qui a souhaité documenter et faire connaître sa maladie et la façon de lutter contre en se servant de son métier. Loin d’être plombant, le manga est léger, le ton est enjoué quand l’héroïne détaille les changements dans sa vie quotidienne, sa vie familiale, dans le regard de ses proches. On a bien aimé également sa vie à l’hôpital, entre prise en charge et empathie médicale aléatoire selon les médecins, et solidarité des patientes en gynécologie entre elles.

La force des choses

La force des choses Simone de Beauvoir

Troisième tome des mémoires de Simone de Beauvoir, 1963, France

Depuis 1945 jusqu’aux années 60, Simone de Beauvoir raconte l’après-guerre, ses premiers voyages internationaux (notamment aux Etats-Unis), ses réflexions, le contexte intellectuel et son engagement pendant la guerre d’Algérie.

C’est notamment dans ce tome que l’autrice et intellectuelle aborde la construction de sa politisation et ses positionnements face à l’actualité de l’époque. Cet ouvrage correspond également à la période où Simone de Beauvoir a publié Le Deuxième Sexe : elle y raconte la réception après publication, tant du côté de ses détracteurs (parfois d’anciens amis) que de ses supportrices, souvent anonymes.

Parmi les nombreux volumes écrits, ses mémoires (en 5 tomes dont Mémoires d’une jeune fille rangée, La force de l’âge, La force des choses I et II, et Tout compte fait) constituent un éclairage fascinant sur sa vie, sa construction en tant qu’écrivaine, philosophe, militante politique et féministe, mais aussi sur toute la société française des années 20 aux années 70.

Orgueil et préjugés

Orgueil et préjugés roman

Roman écrit par Jane Austen, 1813, Royaume-Uni

Mrs Bennet est déterminée à marier ses filles. Or, Mr. Bingley et son riche ami Mr. Darcy s’installent dans le voisinage. Alors que l’aînée de la famille, Jane, plait (et réciproquement) à Mr. Bingley, Mr. Darcy n’inspire que moqueries et amusements à Elizabeth, la seconde fille de la famille.

Si vous deviez commencer par un classique écrit par une femme, ça serait peut-être celui-là que nous vous conseillerions. Lizzie Bennet, héroïne principale du roman, est une figure féminine incontournable de la littérature anglaise. Ses pensées, son caractère espiègle, ses choix sont clairement exprimées tout au long du roman. Une héroïne intelligente qui se découvre (et se redécouvre !) avec plaisir.

Une fois ce roman lu, vous pourrez retrouver d’autres héroïnes de Jane Austen dans Raisons et sentiments, Mansfield Park, Emma, Northanger Abbey et Persuasion.

Orgueil et préjugés a fait l’objet de nombreuses adaptations en séries et en films, notamment celle avec Keira Knighley que nous vous conseillons.

Ma mère était une très belle femme

Ma mère était une très belle femme cover

Bande dessinée écrite et dessinée par Karlien de Villiers, 2006, Afrique du Sud, Suisse

Karlien de Villiers est née en 1975 en Afrique du Sud. Elle raconte son enfance dans une famille d’afrikaners, du divorce de ses parents à la maladie de sa mère, avec en toile de fonds la ségrégation et les événements politiques des années 80 en Afrique du Sud.

C’est peu souvent qu’on a l’occasion de découvrir l’histoire contemporaine de l’Afrique du Sud en bande dessinée. Ma mère était une très belle femme est l’occasion de creuser le sujet du point de vue d’une petite fille blanche : elle raconte son quotidien, vu à travers ses yeux d’enfants et très subtilement de ce qu’il se passe dans le pays à travers plein de détails et d’informations distillées au fil des pages.

Une vie avec Alexandra David-Néel

Bande dessiné scénarisée par Frédéric Campoy, illustrée par Mathieu Blanchot et Frédéric Campoy, 4 tomes (série en cours), depuis 2017, France

En 1924, Alexandra David-Néel est la première femme occidentale à entrer à Lhassa, capitale du Tibet. On suit son parcours, depuis son enfance jusqu’à ses explorations les plus incroyables. On découvre aussi la moins connue Marie-Madeleine Peyronnet, qui fut la secrétaire personnelle de l’exploratrice pendant les 10 dernières années de sa vie, jusqu’à sa mort (et même après !).

Voici une autre manière de découvrir l’aventurière, philosophe et autrice Alexandra David-Néel ! La BD est adaptée de la biographie de Marie-Madeleine Peyronnet. Elle alterne couleurs et noir et blanc, pour marquer les flashbacks qui la ponctuent.

A lire également : Voyage d’une parisienne à Lhassa, un des journaux de voyage d’Alexandra David-Néel.

Sur la route de West

Bande dessinée écrite et illustrée par Tillie Walden, 2020, Etats-Unis

Béa, part de chez elle avec son sac à dos… Elle croise Lou et sa petite caravane, et elles décident de faire route ensemble. Une dizaine d’années les séparent, mais elles se ressemblent beaucoup. Lors d’une pause, elles découvrent Diamond, une chatte blanche perdue, et décident de la ramener chez elle.

On est désormais habituées au talent de Tillie Walden, et cette BD n’y fait pas défaut ! 300 pages au cours desquelles les 2 héroïnes apprennent à se connaitre et à se faire confiance, se livrent sur leurs histoires douloureuses, se soutiennent. Après un démarrage très terre à terre, le road trip se fait plus mystérieux, surréaliste, un peu fantastique et magique. La BD aborde le deuil et les violences sexuelles.

On adore aussi Spinning, J’adore ce passage et Dans un rayon de soleil par la même autrice !

Ne suis-je pas une femme ? Femmes noires et féminisme

ne suis je pas une femme bell hooks

Essai écrit par bell hooks, 1981, Etats-Unis

Dans cet essai, désormais devenu un classique, bell hooks mène une réflexion sur la place des femmes noires dans la société et les luttes pour les droits aux Etats-Unis, en décortiquant les mouvements féministes blancs autant que les mouvements noirs de libération.

Ce qui est sûr, c’est que bell hooks n’épargne personne, des grandes figures (masculines) des mouvements pour les droits civiques aux mouvements féministes. A travers 5 chapitres, elle déroule avec de nombreuses références sa thèse des femmes noires exclues de tous les mouvements (de celui des femmes qui ne concerne finalement que les femmes blanches et de celui des noirs, qui ne comprend que les hommes noirs). Un ouvrage essentiel et éclairant sur l’imbrication entre racisme, sexisme et capitalisme.

Dans l’édition française, l’introduction signée Amandine Gay (réalisatrice du documentaire Ouvrir la voix) est un vrai plus pour avoir des pistes de compréhension du contexte français sur la même question.

Luttes de femmes : 100 ans d’affiches féministes

Luttes de femmes 100 d'affiches féministes

Ouvrage écrit par Bibia Pavard et Michelle Zancarini-Fournel, 2013, France

A travers 6 thèmes principaux (la vie politique, le travail, la maternité et la famille, la colonisation et l’immigration, la création artistique et l’institutionnalisation du féminisme), ce beau livre présente et décortique un siècle d’affiches féministes.

Voilà une angle intéressant pour aborder l’histoire du féminisme en France : celui des affiches et dessins, qui illustrent les grandes questions d’actualités et les revendications des femmes au XXème siècle. Certaines sont connues et ressortent régulièrement lors de manifestations ou événements féministes, d’autres sont beaucoup plus inédites et c’est un plaisir de les découvrir dans ce livre, accompagnées d’une explication qui remet l’affiche dans son contexte.

Mon gras et moi

Mon gras et moi

Bande dessinée écrite et dessinée par Gally, 2008, France

L’héroïne de cette bande dessinée et grosse, très grosse. Elle raconte son quotidien, fait du regard réprobateur des autres et de la culpabilité.

Autrice et dessinatrice du blog-BD « Le blog d’une grosse » (aujourd’hui fermé) dans les années 2000, Gally a rassemblé et complété ses planches en cette bande dessinée. Précurseuse parmi les prises de paroles de femmes grosses de ces dernières années, la BD reste très sombre. Pendant le confinement en avril 2020, sa bande dessinée a été diffusée en ligne gratuitement par l’éditeur : elle en a profité pour contextualiser cette oeuvre, avec 10 ans de recul. Ses tweets sont à lire ici pour des éléments de compréhension supplémentaires.