La chambre solitaire

Roman écrit par Shin Kyong-suk, 1999, Corée du sud

L’été de ses 16 ans, l’héroïne de ce roman quitte sa campagne natale pour Séoul. Pour pouvoir continuer ses études et réaliser son rêve de devenir écrivaine, travailler à l’usine se révèle être une solution afin d’accéder à des cours du soir.

Doux, poétique, résolu, changeant d’époque par flashback entre l’écrivaine d’aujourd’hui et la jeune femme qu’elle était avant, La chambre solitaire se lit, se repose sur une étagère et reste en tête longtemps. On y découvre la réalité des conditions de travail et de vie des femmes à l’usine dans les années 1980. Une bonne lecture.

Anna Karénine

Roman écrit par Léon Tolstoï, 1877, Russie

A Moscou, Stéphane Oblonski est en froid avec son épouse, Dolly, qui menace de le chasser de chez eux pour cause d’infidélité. Lévine et Kitty (jeune soeur de Dolly) sont amoureux, mais Lévine est trop timide pour se déclarer, et le comte Vronski commence à sérieusement tourner autour de Kitty. Quand Anna Karénine, splendide et respectable épouse d’Alexis Karénine se rend auprès de son frère Stéphane et de sa belle-soeur Dolly à Moscou pour tenter de les réconcilier, Vronski tombe éperdument amoureux d’Anna… et Anna, de lui.

Anna Karénine, un titre qui évoque un pavé de la littérature russe, et une femme. Même si la méfiance peut être de mise pour ce portrait de femme écrit par un homme, l’oeuvre mérite le détour : on découvre ici des personnages féminins puissants, qui ont une réelle consistance et histoire, des vies à elles et sont relativement actrices de leurs choix. Certes, le point de vue est majoritairement masculin, mais régulièrement, les lectrices et lecteurs auront l’impression de suivre les pensées de Anna, Kitty, Dolly et les autres femmes du roman.

Tolstoï aborde également des sujets dits « féminins », osés pour l’époque et parfois jamais évoqués en littérature avant lui (l’adultère féminin et la sexualité des femmes, l’accouchement à la fois du point de vue de la femme enceinte/en train d’accoucher et de celui de l’homme/futur père, le choix être mère et heureuse/mère et malheureuse, ne pas ou ne plus vouloir être mère…). Et si on sait lire entre les lignes, est-ce qu’on oserait deviner une personnage (ultra-secondaire, on vous l’accorde) lesbienne ?! On vous laisse vérifier cela.

Il existe plusieurs adaptations du roman en film, notamment la version de 2012 avec Keira Knighley dans le rôle titre.

La force de l’âge

2ème tome des mémoires de Simone de Beauvoir, 1960, France

Entre 1929 à 1944, Simone de Beauvoir commence à travailler, prend goût au voyage, seule ou accompagnée, démarre sa vie littéraire et culturelle, et pose les premières bases de son engagement politique après la guerre. 

Ce 2ème tome des mémoires de Simone de Beauvoir est peut-être notre préféré. Il se lit très bien, comme un roman, et les récits de la vie quotidienne pendant la seconde guerre mondiale et pendant l’occupation sont vibrants, parfois inédits, et toujours passionnants. Bien que rencontré à la fin de Mémoire d’une jeune fille rangée, ça n’est que dans ce tome de ses mémoires que Simone de Beauvoir commence à parler de Jean-Paul Sartre.

Parmi les nombreux volumes écrits, ses mémoires (en 5 tomes tout de même, dont Mémoires d’une jeune fille rangée, La force de l’âge, La force des choses I et II, et Tout compte fait) constituent un éclairage fascinant sur sa vie, sa construction en tant qu’écrivaine, philosophe, militante politique et féministe, mais aussi sur toute la société française des années 20 aux années 70. 

Mémoires d’une jeune fille rangée

1er tome des mémoires de Simone de Beauvoir, 1958, France

De sa naissance à la sortie de l’adolescence, Simone raconte son histoire entre amitié féminine structurante et détachement de son milieu familial. Oui, mais “Simone” n’est pas une anonyme, c’est la future Simone de Beauvoir, philosophe et autrice française majeure du XXème siècle.

C’est indéniablement un classique de la littérature biographique ET de la littérature de Simone de Beauvoir. On ne va pas se mentir : nous sommes plusieurs à avoir commencé Le deuxième sexe et s’être endormies à la vingtième page. Et si pour découvrir cette actrice incontournable du féminisme français, il fallait commencer par son oeuvre littéraire ? Un bon début pour apprécier la force de son écriture, et ça tombe bien car il s’agit seulement du 1er tome de son récit autobiographique.

Parmi les nombreux volumes écrits, ses mémoires (en 5 tomes tout de même, ce 1er texte étant suivi de La force de l’âge, La force des choses I et II, et Tout compte fait) constituent un éclairage fascinant sur sa vie, sa construction en tant qu’écrivaine, philosophe, militante politique et féministe, mais aussi sur toute la société française des années 20 aux années 70.

La saison de l’ombre

Roman écrit par Léonora Miano, 2013, France, Cameroun

12 hommes, 10 fils aînés et 2 pères, disparaissent lors d’une nuit d’incendie au village du clan Mulungo. 10 mères sont mises à l’écart, plus ou moins accusées d’avoir une part de responsabilité dans ces disparitions. Comment retrouver les garçons ? Où sont-ils passés ? C’est ce que vont tenter de découvrir le chef et sa garde rapprochée, mais surtout 3 femmes du village.

La saison de l’ombre met en scène de nombreuses femmes courageuses, notamment ces 3 mères qui partent à la recherche des hommes disparus, chacune à sa manière. Léonora Miano propose un récit extrêmement puissant, donnant des voix aux trop nombreuses victimes de la traite occidentale d’esclaves noir.e.s.

Impératrice

Roman écrit par Shan Sa, Chine, France, 2005

Abandonnée au gynécée impérial, voici l’ascension au VIIème siècle d’une jeune femme devenue “empereur”, soit la seule impératrice régnante de l’histoire de la Chine. 

Vengeance, rebondissements, trahison, meurtres… que de pièges et d’aventures au coeur de la Cité Interdite pour cette femme, Wu Zetian, qui ne s’est pas laissée faire et qui a conquis et gardé le pouvoir jusqu’à la fin de sa vie. Impératrice, c’est un récit palpitant et une héroïne extraordinaire. À lire d’une traite !

Une si jolie robe

Roman écrit par Fan Wu, 2006, Chine

Ming vient d’entrer à l’université. Réservée et studieuse, elle croise le chemin de Yan, étudiante en fin de cycle, aussi belle que provocante. Entre les deux se noue alors une amitié complexe.

Une si jolie robe est un roman déroutant. Les deux personnages principaux sont clairement opposées en caractère et en style de vie. On ne peut pas s’empêcher de penser que l’une “manipule” ou profite de l’autre. Et pourtant, entre les lignes, ne serait-ce pas la découverte de la liberté, l’émancipation et la découverte de l’homosexualité dont il est question ? On vous laisse vous faire votre avis.

Les mandarins 

Roman écrit par Simone de Beauvoir, 1954, France 

A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, un groupe d’intellectuel.le.s français.es, de gauche, s’interrogent sur la position à prendre : rejoindre le Parti communiste ou rester à distance, quitte à lui nuire ? Deux points de vue alternent : celui de Paule, psychiatre mariée à un écrivain engagé, et un point de vue plus omniscient.

Inspiré de la vie de Simone de Beauvoir, Les mandarins est un roman historique et politique sur l’après-guerre. Il est émaillé de réflexions sur la condition des femmes (mariées, indépendantes, travailleuses). Une bonne manière de découvrir l’oeuvre romanesque de Simone de Beauvoir !

Prix Goncourt 1954

Le carnet d’or 

Roman écrit par Doris Lessing, 1962, Royaume-Uni 

Une romancière est confrontée au syndrome de la page blanche et a très peur de sombrer dans la folie. Dans 4 carnets de 4 couleurs différentes, elle note ses sentiments, son quotidien, son expérience au sein du parti communiste, les fragments d’un roman inspiré de sa vie amoureuse. C’est finalement un cinquième carnet, le carnet d’or, qui sera la clé de son mieux-être.

Doris Lessing propose un puissant roman sur la vie d’une femme en quête d’elle-même, émaillé de réflexions sur la condition des femmes des années 30 à 50. Si l’écriture est fragmentée, le roman long, dense et pas toujours facile à lire, on a plaisir à passer d’un carnet à l’autre, à découvrir progressivement la vie de l’héroïne… et de sa propre héroïne grâce au carnet jaune, véritable roman dans le roman !

Doris Lessing a reçu le prix Nobel de littérature en 2007.

Le corps de ma mère

Roman écrit par Fawzia Zouari, 2016, Tunisie

En 2007, Fawzia Zouari se rend au chevet de sa mère mourante, avec ses trois soeurs. Les souvenirs des 4 femmes s’affrontent, chacune d’elles détient une part de l’histoire de leur mère… Mais c’est finalement à Naïma, sa domestique, que s’est confiée cette mère forte et autoritaire. Naïma raconte, elle livre ce secret si bien gardé…

Le corps de ma mère est un roman familial fleuve, qui nous fait progressivement découvrir la vie d’une femme forte qui se dresse contre une société patriarcale marquée par la polygamie. Un bel hommage d’une fille à sa mère, écrit juste après la révolution de jasmin.