Éduquer sans préjugés – Pour une éducation non sexiste des filles et des garçons

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Essai écrit par Amandine Hancewicz et Manuela Spinelli, 2021, France 

Surcharge maternelle, vêtements et jouets genrés, omniprésence des « grands hommes » dans les livres d’Histoire, choix d’une activité sportive… Ce n’est pas toujours facile d’être parent face aux stéréotypes et injonctions sexistes ! 

Co-fondatrices de l’association Parents & féministes, Amandine et Manuela proposent un essai très pédagogique, qui donne des clés pour mieux identifier et comprendre ses propres préjugés et les surmonter, puis éduquer les plus jeunes de la manière la plus égalitaire possible. De nombreux témoignages de parents émaillent le récit, procurant un sentiment libérateur de solidarité face à la montagne de sexisme qui nous entoure parfois. On a apprécié que de nombreuses organisations militantes, autrices ou chercheuses soient citées, autant de références qui permettent d’aller plus loin ou même de s’engager !

Présentes

Essai écrit par Lauren Bastide, 2020, France

Être visibles, sans peur. Se montrer telles que nous sommes : femmes, noires, en situation de handicap, voilées, lesbiennes… Être présentes dans les médias, dans la ville, en politique.

Inspirée par son podcast La Poudre et suite à une série de conférence au Carreau du Temple en 2018 et 2019, à laquelle 9 féministes avaient répondu « présentes », Lauren Bastide a écrit cet essai percutant. Elle donne la parole à ces 9 militantes et chercheuses (Elisa Rojas, Rokhaya Diallo, Alice Coffin, Caroline De Haas, Chris Blache, Pascale Lapalud, Hanane Karimi, Anaïs Bourdet et Marie Dasylva) qui expliquent les raisons de l’invisibilisation des femmes dans les espaces publics et donnent des pistes pour renverser l’ordre établi. L’autrice et ses invitées incitent aussi à une convergence des luttes pour penser de manière plus intersectionnelle. Une vraie invitation à se réapproprier les espaces qui sont aussi les nôtres !

La familia grande

Autobiographie de Camille Kouchner, France, 2021

Camille Kouchner, 45 ans, raconte son enfance. Un semblant de joie flotte sur cette « familia grande », composée des ami.e.s des parents qui se réunissent chaque année à Sanary dans la maison de vacances du beau-père. Ils sont soixante-huitards, ils revendiquent la liberté totale… et cette ambiance pseudo-libre rend mal à l’aise, quand la « liberté » va jusqu’à intimer à des jeunes adolescent.e.s à peine pubères de faire l’amour (à 12 ans, quoi, ce n’est pas encore déjà fait ?!), et puis il y a ces photos en grand format accrochées aux murs, des photos de fesses et de seins de femmes mais aussi de fillettes. Il y a aussi cette série de suicides des proches de la famille, qui entachent le pseudo-bonheur, qui transforment la mère aimante en une femme brisée. Et puis, le récit bascule quand Camille raconte l’année 1988, quand son frère jumeau « Victor » lui confie que le beau-père lui rend visite dans la nuit : violences sexuelles par inceste. L’autrice raconte comment l’agresseur verrouille le secret, cette culpabilité qui l’envahit et qui durera des décennies. Jusqu’au décès de la mère et à cet écrit libérateur.

Un récit intense, qui détaille avec force comment le traumatisme s’inscrit dans la chair des victimes, et comment le silence des familles empêchent la parole de se libérer.

La dernière amazone

Recueil de témoignages écrit par Nina Almberg, 2021, France

Au XVIème siècle, des colonisateurs espagnols ont rencontré dans la région actuellement nommée « Amazonie » une armée de femmes, leur rappelant les Amazones des récits mythologiques… 500 ans plus tard, des femmes et des hommes brésilien.ne.s racontent leurs versions de ce mythe et de celui des Icamiabas, un peuple de femmes aux mystérieuses amulettes, les muiraquitãs…

Entre histoire et mythe, entre réalité passée et actuelle, Nina Almberg a mené en 2017 des entretiens dans le cadre d’un reportage radiophonique. Elle en a fait un livre publié aux éditions Hors d’Atteinte, dans lequel se croisent des récits multiples, qui racontent comment les mythes de femmes puissantes sont devenus une source d’inspiration dont chacune peut s’inspirer librement. Des récits courts et fascinants qui se dévorent, et qui donnent envie de partir à la rencontre des Icamiabas des temps actuels.

L’amour sous algorithme

Amour sous algorithme

Essai autobiographique écrit par Judith Duportail, 2019, France

Complètement accro à l’application Tinder, Judith Duportail apprend que ladite application note ses utilisateurs et utilisatrices en fonction de leur « désirabilité ». Judith, journaliste de métier, décide de mener l’enquête.

Que vient faire cet essai à propos d’un service de rencontres en ligne sur 1001 héroïnes, pourrez-vous peut-être vous demander ? Ici, l’air de rien, Judith Duportail soulève plein de maux issus du patriarcat qui pèsent sur les femmes trentenaires, CSP+, vivant en milieu urbain, notamment l’injonction au couple (pour les femmes donc) et la mise en concurrence des femmes entre elles sur le « grand marché de la bonne meuf » (comme dirait Virginie Despentes dans King Kong Théorie). L’essai se dévore grâce à une écriture fluide et surtout un suspens qui nous donne envie d’aller jusqu’au résultat de l’enquête. Une belle illustration (et introduction !) aux liens entre capitalisme et patriarcat.

C’est mon corps

Essai écrit par Martin Winckler, 2020, France

C’est mon corps est un essai de 400 pages dédié à la santé des femmes, sous forme de questions-réponses. Martin Winckler, médecin militant, reprend de nombreuses questions qui lui ont été posées via son site internet, sur de nombreux sujets : règles, contraception, endométriose, sexualité, grossesse, violences obstétricales, ménopause… L’auteur rappelle que chacune de ces questions est légitime, et que nos médecins sont censés nous écouter et y répondre avec bienveillance. Les chapitres se clôturent par des recommandations de livres, séries, sites internet à consulter pour approfondir les sujets, notamment écrits par des femmes.

Martin Winckler a aussi écrit plusieurs romans qu’on vous conseille : Le chœur des femmes et L’école des soignantes. Il a également contribué à la bande dessinée d’Aude Mermillod, Il fallait que je vous le dise.

Le génie lesbien

Essai écrit par Alice Coffin, France, 2020

« Qu’ils dégagent. Qu’ils laissent leur place. Ils sèment le malheur. Nous voulons la joie. Être lesbienne est une fête. Ils ne la gâcheront pas. »

Dans cet essai à la fois intimiste et profondément politique, Alice Coffin raconte son parcours de lesbienne féministe. Elle parle de l’invisibilisation des lesbiennes dans les arts et les médias, elle évoque l’absence criante de modèles qui l’a empêchée (comme tant d’entre nous !) de se réaliser lesbienne plus tôt. Elle raconte son parcours de militante, indissociable de son métier de journaliste… ce qui pourtant est loin d’être compris en France : les médias réclament de leurs journalistes une « objectivité », qui est bien souvent synonyme de masculin blanc hétéro. Alice Coffin, elle, revendique un journalisme militant, pour que cessent enfin les tribunes, articles ou titres sexistes, racistes, homophobes, lesbophobes. Elle parle de prioriser les femmes, ce qui a provoqué un scandale sur les réseaux sociaux à la sortie du livre, alors que l’entre-soi masculin existe depuis des centaines d’années sans que personne ne parle de « communautarisme » ! Et puis ce titre génial, le « génie lesbien ». L’autrice rappelle que les lesbiennes sont certes invisibles, mais sont aussi partout, même dans les combats qui ne les concernent pas directement : elles ont été en première ligne des combats pour le droit à l’avortement et à la contraception dans les années 70, elles ont activement participé à la lutte contre le sida ou plus récemment au mouvement Black Lives Matter aux Etats-Unis.

Une farouche liberté

Essai autobiographique, Gisèle Halimi avec Annick Cojean, France, 2020

Gisèle Halimi raconte ses combats, depuis son enfance où elle mesurait déjà l’injustice d’être née fille. Elle revient sur les procès emblématiques de sa vie d’avocate : celui de Djamila Boupacha, les procès de Bobigny et d’Aix-en-Provence. Elle évoque sa vie politique et les frustrations qui sont allées avec. Elle aussi parle de ses proches militant.e.s ou artistes engagé.e.s. 

Quelques mois seulement avant son décès, la formidable Gisèle Halimi a répondu aux questions de la journaliste Annick Cojean. On la sent toujours aussi engagée, elle transmet dans l’écriture une force incroyable et on a envie de lancer la révolution qu’elle appelle de ses voeux ! Dans les dernières pages, elle donne des conseils aux prochaines générations de femmes : être indépendantes économiquement, refuser les injonctions à la maternité… et puis surtout : se dire féministe ! 

Gisèle Halimi a aussi écrit (entre autres !) Ne vous résignez jamais.

Le regard féminin – Une révolution à l’écran

Essai écrit par Iris Brey, France, 2020

Après Sex and the series, Iris Brey propose un nouvel essai très documenté, accessible, bien qu’émaillé de termes techniques liés au monde du cinéma et de la psychanalyse. Elle y théorise le “female gaze”, ou regard féminin, cette manière révolutionnaire de filmer les femmes sans en faire des objets, en permettant aux spectateurs et spectatrices de partager leurs expériences féminines. Loin d’être un simple miroir du “male gaze”, elle explique en quoi le “female gaze” introduit une révolution dans le cinéma, renversant l’ordre patriarcal. Elle cite Portrait de la jeune fille en feu, Cléo de 5 à 7, The L Word, Unbelievable… Certains autres exemples de regard féminin sont particulièrement déstabilisants, notamment quand elle analyse l’entrée en scène de Wonder Woman dans le film du même nom (alors que son justaucorps et ses talons nous ont amenées à le définir comme un film “male gaze”), ou plus encore le film Elle de Paul Verhoeven, à l’intrigue très dérangeante (pour faire court, une femme qui tombe amoureuse de son violeur). On adhère ou on n’adhère pas à tous ses exemples : en tous cas, Iris Brey propose un changement de regard qui marque et impacte durablement la manière de voir les productions cinématographiques !

Mes ancêtres les Gauloises – Une autobiographie de la France

Essai écrit par Elise Thiébaut, France, 2019

A l’heure de certaines inepties prononcées par des intellectuels racistes et masculinistes (qui parlent de « grand remplacement », de « Français de souche » et de « menace féministe »), Elise Thiébaut propose une autobiographie unique en son genre, au prisme de ses ancêtres, notamment les femmes. Elle y interroge son identité et celle de la France, à travers tests ADN, recherches généalogiques et archivistiques. Un essai passionnant quand on s’intéresse de près ou de loin à l’Histoire, au féminisme et au colonialisme, facile à lire, écrit avec un ton incisif et souvent plein d’ironie !

Elise Thiébault a également écrit L’amazone verte.