Liyana

Liyana film

Documentaire et partiellement film d’animation réalisé par Aaron et Amanda Kopp, 2017, Eswatini

Liyana est une jeune fille, personnage d’une histoire créée par des enfants orphelins lors d’un atelier thérapeutique, mené par l’artiste militante Gcina Mhlope.

Liyana est un film surprenant. D’après certains résumés, on pourrait croire qu’il s’agit d’un film d’animation pour enfants, or ce n’est pas exactement cela. Ici, c’est le processus collaboratif de reconstruction de soi par la création d’une histoire, pour mettre les mots sur les maux, qui est raconté. Les enfants sont impressionnants de force quand elles et ils racontent certains passages des aventures de Liyana, en utilisant des mots très durs et en évoquant des faits de violence. Ils et elles sont aussi très drôles quand ils se prennent à faire les bruitages du film en cours de création, ou encore quand la joie, le soulagement ou la satisfaction se lisent sur leurs visages en racontant d’autres passages. Pour couronner le tout, les graphismes illustrant les aventures de Liyana sont magnifiques.

Girlboss

Girlboss avec Britt Robertson

Série créée par Kay Cannon, d’après le roman #GIRLBOSS de Sophia Amoruso, 1 saison, 2017, Etats-Unis

Au milieu des années 2000, Sophia est une jeune adulte insolente, inconsciente, insupportable, bref, immature. Elle saute de petit boulot en petit boulot, sans assurance maladie ni certitude de pouvoir payer son loyer. Un jour, dans une friperie, elle trouve une veste vintage qu’elle revend à prix d’or sur Ebay. Et si sa voie était celle de la mode vintage ?

On pourrait croire que Girlboss est une énième série comédie romantique avec une jeune femme blanche évoluant d’histoire d’amour en histoire d’amour, mais ça n’est pas le cas. Ici, c’est la construction d’une femme et son passage à l’âge (vraiment) adulte dont il est question, à travers sa réalisation professionnelle. Car loin d’être un passe temps, Sophia va se lancer corps et âme dans cette entreprise. Sa détermination est féroce, à la hauteur de son originalité, et c’est vraiment un point fort de la série. On a aussi beaucoup aimé la relation très juste qu’elle entretient avec sa meilleure amie, avec ses hauts et ses bas. Comme Trinkets, les épisodes sont rythmés par une super bande son, ce qui ne gâche rien ! La série est (très) librement inspirée de la vie de Sophia Amoruso. Dommage qu’elle ait été arrêtée après seulement une saison.

A mon âge je me cache encore pour fumer

A mon age je me cache encore pour fumer

Long métrage réalisé par Rayhana Obermeyer, 2016, Algérie

Alger, 1995. Fatima tient un hammam. Quelques minutes avant l’ouverture, une jeune femme, enceinte, s’y précipite en lui demandant son aide.

Adapté d’une pièce de théâtre, le rythme du film s’en ressent (et ça vous conviendra ou pas). Cependant, ça serait vraiment dommage de se priver de ce superbe huis clos entre femmes, dans un hammam : c’est un lieu idéal pour parler des actualités en Algérie dans les années 90 et de la vie des femmes de tous les âges. Mariages attendus ou forcés, viol ou plaisir féminin, religion, beauté des corps… des dizaines de sujets de conversation s’entrelacent, dévoilant tour à tour des tensions ou des moments de complicité intense.

Même époque, même endroit, on vous conseille également Papicha.

Un vent de liberté

Long métrage réalisé par Behnam Behzadi, 2016, Iran

Niloofar vit à Téhéran avec sa mère. Mais à cause de la forte pollution dans la ville, cette dernière est de plus en plus malade. Le frère et la soeur de Niloofar décident alors d’envoyer leur mère dans le nord du pays, et que leur soeur l’accompagnera… sans jamais lui demander son avis.

Un vent de liberté est le portrait touchant d’une femme active, qui va progressivement s’élever contre la décision de sa famille. Car pour quelle raison elle seule, en raison de son célibat, serait déracinée et empêchée de travailler ?

Self Made

Mini-série réalisée par Kasi Lemmons, 2020, Etats-Unis (4 épisodes)

A la fin du XIXème siècle, Sarah est blanchisseuse. Une créatrice de produits cosmétiques l’aide à réparer ses cheveux… mais refuse qu’elle devienne vendeuse de ses produits. Sarah décide alors de créer sa propre marque de produits pour les cheveux des femmes noires… et deviendra Madam C.J. Walker, première femme d’affaires noire américaine à devenir millionnaire par elle-même.

Cette mini-série est adaptée (très librement) de la biographie d’A’Lelia Bundles, petite-fille de Madam C.J. Walker. L’histoire est très prenante, elle visibilise les femmes noires et leur force, l’héroïne est jouée par la formidable Octavia Spencer : voici encore une mini-série qui se bingewatche (on a enchaîné avec Unorthodox) ! Cependant, c’est très « hollywoodien ». On a beaucoup regretté la rivalité entre femmes, permanente et centrale dans la série, qui plus est en sachant qu’elle est en partie inventée. On vous conseille la lecture de cette interview (en anglais) de la biographe pour en savoir plus sur la vie de cette héroïne et pour démêler le vrai du romancé !

Unorthodox

Mini-série créée par Anna Winger et Alexa Karolinski, 2020, Allemagne (4 épisodes)

Esty a grandi dans la communauté juive ultra-orthodoxe de Williamsburg à New-York. Mariée à 18 ans, enceinte un an après, elle décide de fuir en Allemagne, à Berlin. Elle y rencontre un groupe d’étudiant.e.s musicien.ne.s et décide d’obtenir une bourse pour entrer dans le même conservatoire. Mais pendant ce temps, son mari et un cousin traversent l’Atlantique à sa poursuite…

Cette adaptation des mémoires de Deborah Feldman est une belle surprise ! La série montre à la fois l’actuel (le Berlin moderne et branché) et le passé (la jeunesse et le mariage d’Esty, la communauté hassidique et ses pratiques). On suit Esty dans sa quête de liberté et dans la recherche de qui elle est. A bingewatcher ! On vous conseille aussi de regarder le making-of de la série, très intéressant. Et dernière info : le livre de Deborah Feldman sera traduit en français à l’été 2020 !

#MeToo entre dans la danse

documentaire metoo entre dans la danse

Documentaire réalisé par Lena Kupatz et Lina Schienke, 2019, Allemagne

Sexisme, harcèlement, violences sexuelles… Il semble évident que le milieu de la danse ne soit pas épargné. Pourtant, on en entend bien peu parler.

Les 2 documentaristes décryptent en quoi la danse est si singulière : en quoi les permanents contacts entre les corps, la compétitivité, la hiérarchie hyper présente et l’absence de frontière entre privé et professionnel créent un contexte favorisant les abus de pouvoir et les violences. Des témoignages émaillent le film, ainsi que des interviews d’expert.e.s. On a apprécié le focus fait sur le manque de diversité dans la danse. On a par contre regretté que le documentaire n’insiste pas davantage sur l’importance de croire les victimes.

His Dark Materials : A la croisée des mondes

His dark materials lyra

Série créée par Jack Thorne, adaptée de la trilogie de Philip Pullman A la croisée des mondes, depuis 2019, Royaume-Uni

Dans un monde parallèle au nôtre, l’univers de l’intrépide Lyra est bouleversé lorsque son ami Roger est enlevé par les Enfourneurs. Elle s’engage alors dans un long voyage qui la mènera vers le nord et vers d’autres mondes.

Ça fait longtemps qu’on l’attendait, cette adaptation de la célèbre série de Philip Pullman ! Après une adaptation en film moyennement réussie, cette série est assez bluffante ! Très fidèle à l’univers des romans, elle peut se savourer sans connaître l’univers. Les acteurs et actrices sont convaincant.e.s, notamment Ruth Wilson qui incarne la terrifiante et glaciale Mrs Coulter. Attention, si l’héroïne est une adolescente, l’univers est assez sombre et peut-être pas forcément approprié aux plus jeunes de vos adolescent.e.s.

Le roman d’origine a également fait l’objet d’une adaptation en bande dessinée.

The Marvelous Mrs. Maisel

Marvelous Mrs Maisel

Série créée par Amy Sherman-Palladino, depuis 2017, Etats-Unis

New-York, 1958. Miriam, dite « Midge » Maisel, est une épouse juive exemplaire qui aide volontiers son époux Joel dans son envie de faire du stand-up amateur. Quand Joel la quitte, Midge retrouve ses repères dans le stand-up et s’avère pleine d’humour et réellement brillante.

The Marvelous Mrs. Maisel est une série très rafraîchissante. On voit l’héroïne prendre son envol et son indépendance malgré toutes les contraintes liées à sa séparation. L’actrice principale, Rachel Brosnahann, est lumineuse, et la musique et bien sûr l’humour sont omniprésents. Si vous n’avez aucun lien de près ou de loin avec le judaïsme, peut-être que certaines blagues vous échapperont mais on peut globalement suivre l’ensemble avec plaisir. On a aussi particulièrement apprécié la complicité et amitié qui se crée entre Midge et une autre femme (atypique pour Midge et son milieu social). Une bonne découverte, à regarder avec plaisir.

Pour découvrir une autre héroïne qui plaque tout pour faire du stand-up, on vous conseille Bhaag Beanie Bhaag.

La mariée du diable

La mariée du diable devil's bride

Long métrage réalisé par Saara Cantell, 2016, Finlande, Suède

Finlande, XVIIème siècle. Anna est une jeune femme qui cherche l’amour (pas forcément au bon endroit) tout en apprenant les savoirs de sa mère, guérisseuse du village. Village dont la tranquillité et toute la vie s’apprête à être bousculée par une chasse aux sorcières.

La chasse aux sorcières ou l’élimination systématique de milliers de femmes en Europe au XVI et XVIIème siècle est dans ce film très bien illustrée. On voit la méfiance s’installer entre voisines et voisins, et la communauté se détricoter minutes après minutes. Avec sa personnage principale Anna, le film retrace bien le processus patriarcal qui a fait se monter les femmes les unes contre les autres, et se dénoncer. Heureusement, l’héroïne en question se rend compte de son erreur et la solidarité entre femmes finit par triompher (enfin presque). La mariée du diable n’est pas LE film du siècle mais reste une suggestion intéressante si vous cherchez un film historique sur cette thématique.

Pour d’autres récits de sorcellerie dans d’autres régions du monde, on vous conseille les romans Moi, Tituba sorcière… et Les graciées. A lire aussi : l’essai Sorcières de Mona Chollet.