Mademoiselle

Long métrage réalisé par Park Chan-wook (adapté du roman Du bout des doigts de Sarah Waters), 2016, Corée du sud 

Interdit aux moins de 12 ans avec avertissement. 

L’histoire se passe en Corée du sud, pendant l’occupation japonaise des années 30. Sookee, une voleuse, est engagée par un escroc pour devenir la servante d’une riche japonaise, Hideko. L’objectif de Sookee : qu’Hideko tombe amoureuse de l’escroc, pour qu’il l’épouse et devienne riche. Oui, mais Sookee et Hideko tombent amoureuses… 

Mademoiselle, c’est un peu le nouveau La vie d’Adèle… ce qui signifie : BEAUCOUP de “male gaze”. Les scènes de nudité et de sexe sont LONGUES et filmées avec un regard masculin intrusif assez dégueulasse, quand elles ne sont pas aussi totalement irréalistes… Au passage, on a droit à un oncle pornographe-sadique et aux scènes de violences qui vont avec (clairement filmées sous un angle complaisant et ultra malsain). Il y a également des scènes de domination entre les deux jeunes femmes, assez gênantes. Passé ce constat et en retirant beaucoup de scènes, le film pourrait être intéressant : il dépeint l’histoire de deux héroïnes qui se libèrent de la violence masculine dans la sororité et l’amour… Dommage, donc. 

Pour vous changer les idées avec un film de très loin meilleur et avec la même actrice Kim Tae-ri, on vous conseille Petite forêt.

Grey’s anatomy

Série créée par Shonda Rhimes, depuis 2005, États-Unis

Depuis 15 ans, Shonda Rhimes nous transporte dans l’univers d’un hôpital de Seattle, au sein de son équipe de chirurgie. Le pitch de départ : une jeune femme (Meredith Grey) débarque pour y réaliser son internat de médecine.

Au milieu des rebondissements souvent loufoques (on ne compte plus les crash d’avions) et des histoires d’amour dans tous les sens, des personnages féminins très forts, parmi lesquelles des femmes grosses et racisées, à des postes à responsabilités, aux sexualités multiples et affirmées. Féminisme et sororité atteignent des sommets pendant la saison 13 (qui fait suite au mouvement #MeToo), abordant plafond de verre, violences conjugales, harcèlement sexuel, conciliation vie pro/vie perso.

Et pour plus de séries de Shonda Rhimes, rendez-vous avec Olivia Pope dans la série Scandal et avec Annalise Keating dans la série Murder.

Vaiana

Long métrage d’animation réalisé par John Musker et Ron Clements, 2016, États-Unis

Vaiana est la fille du chef du village, destinée à devenir cheffe à son tour. Mais elle aspire à voyager, à voguer loin du lagon… Impossible, répond son père, c’est trop dangereux ! Pour sauver son île menacée et avec l’aide de sa grand-mère conteuse, elle part à la recherche d’un demi-dieu…

Vaiana fait partie de ses héroïnes modernes, qui se battent pour leur liberté ! Les autres personnages féminins (mère, grand-mère, déesse) sont forts aussi, et les relations entre elles sont très belles. Pas de prince « charmant » ici, et même pas d’histoire d’amour du tout ! Et en plus : des chouettes chansons !

Les Gardiennes

Long métrage réalisé par Xavier Beauvois, 2017, France

Le film raconte l’histoire de plusieurs femmes qui font fonctionner une exploitation agricole pendant la Seconde Guerre mondiale, en l’absence des hommes de la famille…

Dommage, on s’attendait à une belle fresque sorore, mais tout tourne… autour des hommes. Plutôt que de mener leur vie sans eux, les femmes du film attendent, attendent, attendent… Elles ne discutent quasiment pas entre elles, les seuls dialogues se font entre hommes revenus en permission. Si les personnages sont sublimes et très bien jouées (notamment celui d’Iris Bry), que leur force de travail et leur grand courage sont loués, elles sont sans cesse mises en concurrence, notamment amoureuse. On imagine que la réalisation par un homme, inspiré d’un roman également écrit par un homme, n’aide pas.

Zootopia

Long métrage d’animation réalisé par Byron Howard, Rich Moore, Jared Bush, 2016, États-Unis

Judy Hopps est une lapine. Depuis toute petite, elle n’a qu’un rêve : entrer dans la police. Oui, mais jamais une lapine, un animal aussi petit, mignon et inoffensif, n’est entrée dans la police ! En réussissant le concours haut la main, elle pourrait bien changer la donne, notamment lors d’une enquête concernant d’étranges disparitions…

Pour un Disney, on ne s’attend au premier abord pas à voir se dérouler une intrigue policière. Et quand elle est menée par un personnage féminin, c’est encore plus savoureux ! Le film est à double message comme souvent, et les plus âgé.e.s pourront observer des parallèles dans les inégalités entre les animaux dits forts et puissants et les autres petits et mignons, échos aux stéréotypes qui justifient les inégalités entre les femmes et les hommes. Un chouette moment pour jeunes et moins jeunes.

Marie Stuart, Reine d’Ecosse

Long métrage réalisé par Josie Rourke, 2018, Royaume-Uni

Marie, mariée à l’âge de 16 ans au roi de France et veuve 2 ans plus tard, rentre dans son Écosse natale, terre catholique en résistance face aux velléités d’annexion de sa voisine l’Angleterre, où le protestantisme est devenue religion d’Etat et où règne Elizabeth.

Réalisé par une femme, ce film retrace la vie de Marie Stuart, avec en fil rouge ses relations avec l’autre grande reine de l’époque, Elizabeth Ière. Si tout n’est apparemment pas historiquement avéré, le film offre des beaux moments de sororité entre deux grandes reines, qui font plaisir aux féministes que nous sommes ! 

Whitney: can I be me?

Long métrage documentaire réalisé par Nick Broomfield et Rudi Dolezal, 2017, Royaume-Uni et États-Unis

Un documentaire qui retrace la carrière de la chanteuse pop Whitney Houston par des images d’archives et interviews récentes de ses proches, notamment à travers son addiction à la drogue.

Le film balaie toute sa vie, avec une grande diversité de personnes interviewées (ami.e.s, famille, collègues, garde du corps…). Une place importante est faite à son homosexualité. Dommage que la chronologie soit assez difficile à suivre ; de nombreuses images sont issues de la tournée de 1999, ce qui est chouette, mais on ne comprend pas forcément tout de suite la raison de ce choix.

What happened Miss Simone?

Documentaire réalisé par Liz Garbus, 2015, États-Unis

A partir d’images d’archives et d’interviews de proches (notamment sa fille), ce documentaire retrace la vie de Nina Simone, iconique chanteuse noire américaine du 20ème siècle.

Passionnant documentaire, à l’image de la vie survoltée et engagée de l’artiste. Évidemment, la musique est au top ! Un gros regret : le manque d’analyse des actes violents de son mari, qui ont évidemment transformé Nina durablement.

Les féministes : à quoi pensaient-elles ?

Documentaire réalisé par Johanna Demetrakas, 2018, États-Unis

Ce documentaire se présente sous forme de dialogue avec plusieurs femmes féministes prises en photo dans les années 70, qui se remémorent leur ressenti sur ces années de militantisme, jusqu’à aujourd’hui.

Même s’il n’y a pas vraiment de fil rouge construit, on a plaisir à entendre les témoignages de toutes ces femmes inspirantes, quasiment toutes artistes, qui racontent leurs familles, leurs oeuvres et leurs difficultés à être reconnues en tant qu’artistes, leurs combats pour l’accès à la contraception ou à l’avortement…

Prendre le large

Long métrage réalisé par Gaël Morel, 2017, France, Maroc

Edith, 45 ans, est licenciée de son usine textile et accepte d’être « reclassée » dans la même usine qui délocalise au Maroc.

Prendre le large n’est certes pas l’incontournable de l’année 2017, mais il reste une belle histoire, avec des personnages féminins forts (et masculins quasiment inexistants, car pensés comme les « enfants de » plutôt que des adultes à part entière). L’héroïne, incarnée très justement par Sandrine Bonnaire, a par ailleurs un profil (âge, situation sociale, etc.) encore peu représenté dans le cinéma français. Découvrez aussi le film Crash Test Aglaé : un synopsis proche, un style très différent !