Signes intérieurs de richesse

signes intérieurs de richesse

Roman écrit par Rachel Vanier, 2020, France

Anita est dans sa vingtaine, célibataire, insatisfaite de son petit appart parisien et de son travail. Ce qu’elle veut, c’est être enfin à l’aise dans sa vie, être riche. Pour devenir millionnaire, elle tente des choses : émissions de télé, investissement dans une monnaie virtuelle, endettement et pari sur l’avenir.

Construit comme un roman léger, Signes intérieurs de richesse est pourtant le récit intéressant d’une jeune femme qui décide de prendre sa vie en main en tentant d’être riche par ses propres moyens. Les histoires d’amour sont secondaires (même si elles existent dans le roman) ou servent à l’héroïne à progresser dans sa quête. Certes, on n’est pas complètement sûres (ni convaincues) de la morale qu’on pourrait tirer de la fin du roman (probablement qu’un personnage masculin n’aurait pas eu la même fin), cependant, ça change de rencontrer une héroïne qui s’investit (et pas qu’à moitié !) dans le domaine de la finance et des investissements traditionnellement dominé par les hommes.

Les filles de la chance

Les filles de la chance roman féministe

Roman écrit par Charlotte Nicole Davis, 2021, Etats-Unis

Le jour de leur 16 ans, les « filles de la chance » sont introduites auprès des hommes de la « maison de bienvenue » à qui elles ont été vendues et où elles sont emprisonnées et droguées. Mais lors de sa première nuit, Clémentine tue l’homme qui l’a achetée. Elle prévient sa soeur Aster et elles décident de s’enfuir, embarquant avec elles 3 autres jeunes femmes de la maison.

Les filles de la chance est un roman qui se lit d’un traite, avec des héroïnes (dont plusieurs sont noires, ce qui est suffisemment rare dans ce type de romans pour le noter) qui ont toutes une personnalité, des hauts et des bas, des peurs et du courage, à qui on peut s’identifier et qui sont attachantes. A toutes les étapes de l’aventure des héroïnes, on sent que l’autrice est résolument féministe, et l’écriture révèle un « female gaze » (ou « regard féminin » en opposition au « male gaze« ) inconstestable : ça change et ça donne de l’espoir pour cette catégorie de littérature pour ados/jeunes adultes, encore trop minée de stéréotypes. Bref, on a beaucoup aimé (surtout la fin, pleine d’espoir) et pour un premier roman, c’est une réussite !

Lady Susan

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Roman épistolaire écrit par Jane Austen, 1794, Royaume-Uni

Lady Susan Vernon, jeune veuve, entretient plusieurs relations avancées avec des hommes dans l’optique de se remarier, tout en cherchant un mari fortuné pour sa fille. Ce qui ne plait pas à tout le monde.

Première oeuvre complète écrite par Jane Austen, une des dernières publiées (après sa mort), Lady Susan est une histoire dont la fin nous laisse un peu sur notre faim. Contrairement à d’autres de ses oeuvres (comme Orgueil et préjugés ou Raison et sentiments qu’on préfère), il est difficile de s’identifier à l’héroïne, la fameuse Lady Susan, qui n’est décidement pas décrite de manière très élogieuse (même si victime de ragots qui amplifient peut-être son portrait ?). Les deux autres pièces, Les Watsons (roman inachevé) et Sanditon (roman inachevé par la mort de l’autrice), souvent publiées dans le même recueil, sont peut-être plus savoureuses.

Comme nous existons

Comme nous existons roman féministe

Roman autobiographique écrit par Kaoutar Harchi, 2021, France

Adolescente musulmane puis jeune adulte, la narratrice raconte ses souvenirs, ses parents, des brèves de sa vie quotienne teintée de racisme.

Comme nous existons est un court récit fort, doté d’une très belle écriture, qu’on a du mal à fermer une fois commencé. Au fil du roman, Kaoutar Harchi se rend compte et énumère les nombreuses situations où elle a été victime de racisme en tant que fille d’immigré.e.s marocain.e.s, situations qui ont construit ses convictions en tant qu’adulte. A lire sans hésiter.

Embrasser l’inconnu

Embrasser l'inconnu roman féministe

Roman autobiographique écrit par Aurélie Delahaye, 2019, France

2015. Aurélie décide de tout quitter : travail, appartement, amis, famille, confort de vie vide de sens, dans l’objectif de trouver le bonheur. Et c’est le début d’un voyage qui va la mener dans les pays voisins et en elle-même.

Aurélie est une héroïne qui nous ressemble, ou en tous cas, qui est clairement dans l’air du temps d’une génération qui cherche à trouver un sens à sa vie et à prioriser le bonheur individuel et collectif plutôt que la productivité. Embrasser l’inconnu est une lecture rafraichissante, qui vous permettra soit de vous retrouver, soit de vous questionner sur les aventures vécues par l’héroïne.

Et pour prolonger et compléter la lecture, Aurélie Delahaye est la créatrice de Ordinary Happy People.

Les neuf vies de Rose Napolitano

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Roman écrit par Donna Freitas, 2021, Etats-Unis

Rose et son mari Luke se disputent : Luke souhaite un enfant, Rose n’en veut pas. Pour elle, tout a toujours été clair. Mais pourtant, il semble avoir changé d’avis… Alors que faire ? Quelle décision prendre ? Se résoudre à devenir mère, quitte à le regretter ? Refuser, et risquer de perdre l’homme de sa vie ?

Les neuf vies de Rose Napolitano est un roman génial, tout d’abord par le sujet qu’il aborde : celui du non-désir d’enfant. On l’a aussi adoré pour l’originalité de sa construction : car cette situation de départ va donner lieu à 9 possibilités, autant de choix que vont faire Rose 1, Rose 2 et jusqu’à Rose 9. Les chapitres de ces vies parallèles s’entrecroisent, se rejoignent parfois, se séparent à nouveau, nous montrant les conséquences d’un « choix » encore trop souvent dicté par les injonctions.

Ce prochain amour

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Roman écrit par Nora Benalia, 2022, France

La narratrice, 50 ans environ, raconte sa vie de femme : travail, mari, enfants… Une vie faite de nombreux combats qu’elle mène avec courage. Et pourtant, on dit que le courage, c’est un truc d’homme…

Publié chez Hors d’atteinte, Ce prochain amour sonne comme un cri, le long cri d’une femme qui déverse sa rage trop longtemps réprimée. On a particulièrement aimé la première partie du roman, dans lequel elle explique en détails les sensations issues du fait d’être fille, puis femme, en opposition avec « les autres », les hommes. Elle parle de ses parents, de ses enfants. Et puis aussi de son mari violent et de toutes les renonciations qu’elle fait en le quittant. Un roman court et puissant qui ne mâche pas ses mots.

Légère

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Roman écrit par Marie Claes, 2022, France

Annabelle, 16 ans, va bien. Mais un jour, elle a une révélation : elle doit manger moins, moins de viande, de gras, de sucre. Ses stratégies s’affinent en même temps que sa silhouette.

Légère, comme Petite, est un roman sur l’anorexie chez une adolescente. On suit son cheminement et son fonctionnement, mais aussi les inquiétudes de sa mère Violette, les répercussions sur son petit frère, l’indifférente absence de son père. En plus du point de vue de l’héroïne, on découvre aussi l’incompréhension et le désespoir de la famille, et le « jeu » de regards entre adolescentes, qui encourage à maigrir toujours plus. Un roman poignant qui se lit d’une traite.

La sixième

La sixième

Roman écrit par Susie Morgenstern, 1985, France

Ça y est : Margot entre dans la cour des grand.e.s et va démarrer son année de sixième. Arrivera-t-elle à se faire des ami.e.s ? A se retrouver parmi les couloirs de son collège ? En bref, à traverser cette année tant attendue et redoutée ?

La sixième est l’un des romans les plus connus de l’autrice jeunesse ultra-prolifique Susie Morgenstern, et pour cause. Ecrit en 1985, il semble pourtant intemporel (si on oublie l’absence de téléphone portable à l’époque !) sur les appréhensions de sa jeune héroïne et les dynamiques de groupe. On aime que Margot, a priori discrète, se retrouve être une personne motrice de sa classe, et que, dans sa famille, ce soit son père qui tienne lieu de personne ressource. Ecrit du point de l’héroïne, celle-ci relate une agression verbale de la part d’un des grands du collège : en lisant ce passage en 2021, on ne saurait dire s’il marque un temps où une telle agression était banalisée ou s’il illustre parfaitement le peu d’écoute qu’on accorde aux enfants.

Poupée volée

Poupée volée roman féministe

Roman écrit par Elena Ferrante, 2006, Italie

Leda, enseignante de pas tout à fait 50 ans, passe des vacances en solitaire au bord de la mer. Sur la plage, une famille l’intrigue et notamment le trio composé d’une jeune mère, sa fille et sa poupée. Un jour, Leda vole la poupée.

C’est le premier roman de cette célèbre autrice anonyme que nous lisons après sa saga L’amie prodigieuse et l’élément déclencheur est assez perturbant. Cette pulsion de l’héroïne et le regard qu’elle porte sur cette famille et le trio mère-fille-poupée sont détaillés de son point de vue. Ces quelques jours la renvoient à de nombreuses situations de sa propre vie et de son vécu de femme, d’universitaire, de mère au fil des années… que la société patriarcale pousse à jalouser ses propres filles quand elles deviennent adolescentes puis adultes. Un vrai mélange de réflexions intimes tout aussi intéressantes qu’inquiétantes.