Nos jours brûlés

nos jours brûlés roman féministe

Roman écrit par Laura Nsafou, 2021, France

Nous sommes en 2049. Depuis vingt ans, le soleil a disparu et le monde est plongé dans l’obscurité… Elikia a 20 ans, et elle n’a jamais connu le soleil. Avec sa mère Diba, elles quittent leur maison pour arpenter le continent africain, en quête d’informations sur une ancienne cité ayant abrité des divinités, dont la disparition serait liée à celle du soleil…

Après trois albums jeunesse qu’on adore (Comme un million de papillons noirs, Le chemin de Jada et La demeure du ciel), Laura Nsafou nous offre son premier roman ! Et quel roman : un roman de science-fiction, en Afrique, avec une héroïne forte ! On ne pouvait qu’adorer, et on a effectivement adoré. L’univers est très riche, on découvre de nombreuses divinités, esprits et créatures inspirées de la mythologie africaine, de plein de pays différents (un glossaire permet d’ailleurs de s’y retrouver, à la fin du roman). Bref, foncez !

Attention : seul le tome 1 de Nos jours brûlés est sorti pour le moment !

Pour un autre roman fantastique pour ados en Afrique, on vous conseille aussi la saga De rage et de sang.

Salomé et les femmes de parole

Roman écrit par Nathalie Charles, 2019, France

Salomé entre en 6ème, dans un tout nouveau collège… qui n’a même pas encore de nom ! Et justement, un concours est organisé pour lui trouver un nom. La timide Salomé, souvent qualifiée d’ « intello » par certains de ses camarades, va relever le défi. Elle se lance alors dans des recherches pour trouver le nom d’une personne célèbre… et si possible, une femme !

Un roman sympathique, avec une jeune héroïne qui découvre une grande injustice : les femmes sont largement sous-représentées parmi les noms de rue dans son quartier ! On la suit dans son quotidien au collège et avec sa famille, et on suit également toutes ses recherches de femmes célèbres, ce qui permet aux jeunes lecteur.ice.s de (re)découvrir des noms plus ou moins connus de manière très ludique : Simone de Beauvoir, Simone Veil, Rosa Parks, Megan Rapinoe, Emma Gonzalez…

Le deuxième (et dernier) tome est également paru et raconte la suite de cette aventure.

Les orageuses

Roman écrit par Marcia Burnier, 2020, France

Mia, Inès, Louise, Leo, Lila, Lucie. Toutes ont subi des viols, toutes survivent comme elles peuvent. Toutes ensemble, c’est un peu moins difficile : elles se comprennent, elles se croient, pas besoin d’expliquer ou pire, de se justifier. C’est ensemble qu’elles décident d’agir pour reprendre le pouvoir sur leurs vies, pour ne plus avoir peur, de se rendre justice… puisque personne d’autre n’est disposé à le faire.

Un court roman ancré dans notre époque, qui met des mots sur les conséquences psychologiques des violences sexuelles, sur le traumatisme. Marcia Burnier aborde la question de la justice, souvent dysfonctionnelle en ce qui concerne les violences sexistes et sexuelles. Ainsi qu’une question souvent évitée : si tant de femmes ont subi des viols, où sont les violeurs ?

Pour d’autres gangs de femmes qui pourchassent des agresseurs et des violeurs, on vous conseille les séries Sweet/Vicious et Les justicières.

Les oiselles sauvages

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Roman écrit par Pauline Gonthier, 2021, France

1970, Madeleine quitte sa famille catholique et bourgeoise pour étudier à la Sorbonne… et se plonge corps et âme dans les groupes féministes émergeants qui préfigurent le Mouvement de Libération des Femmes. 2017, Mathilde est en couple avec Aurélien et rencontre Alix, politisée, féministe, lesbienne… qui ne la laisse pas indifférente.

Roman lesbien parfois un peu facile et cliché sur la naissance d’un désir lesbien chez deux héroïnes d’époques différentes, Les oiselles sauvages est également un bon moyen d’en apprendre plus que le MLF et le féminisme des années 70. En effet, l’autrice a pris soin de documenter le contexte et de placer le maximum de références tout au long du roman (un peu trop selon nous d’ailleurs). C’est pour vous si vous êtes en manque de romance lesbienne (auquel cas, on vous conseille également On ne choisit pas qui on aime) et que vous avez besoin de réviser votre histoire du MLF (et la flemme de lire Françoise Picq).

Dans le même style, on vous suggère de vous plonger dans Nos elles déployées.

L’Opoponax

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Roman écrit par Monique Wittig, 1964, France

Ce roman, ce sont des bribes de vie quotidienne d’enfants, des petites filles et petits garçons qui jouent, vivent, vont à l’école, se réjouissent, ont peur, apprennent.

L’Opoponax, salué par le Prix Médicis en 1964, est le premier roman extraordinaire de l’autrice et militante lesbienne Monique Wittig. Au-delà du « je », la narration alterne entre plusieurs des enfants, dont on suit littéralement les pensées qui vagabondent. On passent ici d’une chose à une autre sans transition et… sans même qu’on s’en rende compte parfois. Difficile de décrire cette écriture fascinante, on vous conseille de tester par vous même la lecture de ce roman pour vous faire une idée.

Black Sunday

Roman écrit par Tola Rotimi Abraham, 2021, Nigéria

Les jumelles Bibike et Ariyike et leurs frères Peter et Andrew sont abandonné.e.s par leurs parents, du jour au lendemain, après un mauvais placement d’argent qui les amène à la pauvreté. Les enfants grandissent à Lagos, (sur)vivent de petits boulots, dans un univers marqué par le pouvoir des hommes (de religion) et la corruption.

Les années passent, de 1995 à 2015 avec des ellipses temporelles, vingt ans de vie à travers les regards des quatre frères et sœurs. Les sœurs surtout, les aînées, qui vont subir de plein fouet les violences des hommes, et qui vont faire des (non)-choix très différents pour y survivre. Un premier roman qui ne laisse pas indifférent.e !

On ne choisit pas qui on aime

Autobiographie de Marie-Clémence Bordet-Nicaise, 2019, France

Issue d’une famille bourgeoise et catholique, Marie-Clémence avait une vie toute tracée, en route pour l’hétérosexualité, le mariage, tout comme il faut. Mais un jour, elle tombe amoureuse d’une femme.

Voilà un roman qui se dévore, comme on lit sans s’arrêter une série de témoignages bien écrits sur un blog ! L’autrice raconte son parcours de combattante pour faire accepter son histoire d’amour aux yeux de sa famille. Un récit parfois glaçant, qui narre de l’intérieur les années « manif pour tous » en 2012-2013, mais surtout plein, plein, plein d’amour. Et ça fait vraiment du bien !

L’année de grâce

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Roman écrit par Kim Liggett, 2020, Etats-Unis

A l’âge de 16 ans, toutes les jeunes filles sont envoyées dans la forêt pendant une année pour se libérer de leur magie avant d’être mariées ou placées en tant que domestiques. Tous les ans, à leur retour, une partie d’entre elles manque à l’appel. Que se passe-t-il pendant l’année de grâce dont il est interdit de parler ? L’intrépide et indépendante Tierney, dont l’année de grâce est arrivée, survivra-t-elle à cette année ?

Salué par la critique lors de sa sortie, L’année de grâce est une dystopie féministe accessible pour un public ado/jeune adulte. Du fantastique, un peu d’horreur, un bon fond féministe et une intrigue et héroïne rappelant celles de Hunger Games ou encore La Servante écarlate composent ce roman. On a été impressionnées par la justesse de la description et de la retranscription des mécanismes patriarcaux qui poussent les femmes à être d’éternelles rivales, plutôt que de se serrer les coudes et de cultiver la sororité. La première partie du roman est captivante, et suscite de nombreuses questions et théories (pas toujours élucidées, ce qui est intéressant aussi !) quant à la suite de l’histoire. Du coup, peut-être que la 2ème partie du livre et les partis pris choisis par l’autrice ne vous satisferont pas tout à fait mais L’année de grâce reste un roman définitivement puissant qu’on vous conseille absolument.

Le réseau Alice

Le réseau Alice roman féministe

Roman écrit par Kate Quinn, 2020, Etats-Unis, Royaume-Uni, France

Quelques mois après la fin de la Seconde guerre mondiale, la jeune américaine Charlie se rend avec sa mère en Suisse pour avorter. Mais en arrivant en Europe, elle a également un autre objectif : retrouver sa cousine Rose, disparue en France pendant la guerre. Sa quête va la mener auprès d’Eve Gardiner, une ancienne espionne de la Première guerre mondiale, alcoolique et vraiment pas commode.

Qui se souvient des espionnes des deux guerres mondiales ? Qui sait même qu’elles ont existé et combien elles ont été de véritables héroïnes de guerre ? Ce roman, très librement inspiré de personnages historiques, leur rend hommage. Avec une alternance de chapitres entre les deux héroïnes (la jeune Eve, espionne pendant la première guerre, et Charlie, qui mène son enquête peu après la seconde guerre), on est définitivement embarquées dans l’intrigue, qui aborde une variété de sujets intéressants (l’avortement pendant les deux guerres, le rôle des femmes pendant les deux guerres, le traumatisme provoqué par les guerres, etc.). On regrette juste qu’une histoire d’amour (pour émoustiller les lectrices, il faut bien le dire) ait été intégrée dans l’intrigue, déjà riche.

Autre continent, autre guerre, Le réseau Alice rappelle un peu le roman La dernière réunion des filles de la station service, qu’on a adoré.

Le bal des folles

Roman Le bal des folles

Roman écrit par Victoria Mas, 2019, France

Fin du XIXème siècle, à Paris. Louise est internée depuis 3 ans à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière. Le célèbre professeur Charcot, neurologue et chef du « service des hystériques », réalise chaque chaque semaine des démonstrations publiques d’hypnose, avec l’appui de Madame Geneviève, infirmière en chef… En parallèle, on suit Eugénie Cléry, jeune fille de bonne famille à mille lieux des enfermées de la Salpêtrière. Jusqu’à ce qu’elle y soit envoyée à son tour.

Le bal des folles est un court roman qui se dévore. L’autrice dépeint des héroïnes très fortes, qui incarnent toutes ces enfermées considérées comme folles pour de raisons multiples : celles en situation de handicap mental, mais aussi souvent celles taxées d’hystériques car elles osaient bouleverser les codes. A lire, ainsi que les deux adaptations qui en ont été faites : une BD et un long métrage. On vous conseille aussi le récit de Nelly Bly internée dans un asile psychiatrique de New-York, adapté en bande dessinée.